Ces
deux pièces sur lesquelles s'achève l'œuvre purement pianistique de Reynaldo
parurent chez Heugel en 1927 soit onze ans après la suite " Pour bercer un convalescent ".
Ces années d'après guerre marquent, nous l'avons vu, un tournant décisif dans
l'œuvre de Reynaldo. Après de nombreuses musiques de scène, c'est en 1923
la première de " Ciboulette ", départ d'une nouvelle
carrière. A " Ciboulette " succéderont " Mozart "
en 1925, " Une Revue " et " Le Temps d'aimer "
en 1926. Il faut mentionner également d'importantes œuvres de musique de
chambre, autre caractéristique de cette " deuxième manière ": en
1921 le quintette pour piano et cordes et en 1926 la sonate pour piano et
violon. Les deux études, parues l'année suivante, dénoncent un conservatisme
profond, un attachement immodéré aux idoles de sa jeunesse et un désir de
plaire exacerbé. Composées un an après la sonate de
Bartok elles pourraient très
bien être de Saint-Saëns.
voire de Chopin (la première surtout) !
Abandonnant le rôle de confident qu'il avait jusque là tenu chez Reynaldo,
le piano monte sur l'estrade; la virtuosité remplace la simplicité intime
des œuvres de jeunesse. C'est avec le concerto de 1930 qu'aboutira cette
nouvelle esthétique de l'œuvre de concert.
Comme
la plupart des études de Chopin, celle-ci est consacrée à un problème particulier
de la technique pianistique: ici les arpèges pour la main droite.
Toute l'étude est basée sur un formule d'arpèges brisés sur trois octaves.
Cette formule immuable est superposée à deux types d'accompagnement:
1/ des accords syncopés divisant la mesure à 6/8 en une mesure à 3/4
2/ des arpèges évoluant soit en mouvement contraire soit en mouvement parallèle
par rapport à la main droite.
L'intérêt de cette pièce réside essentiellement en son langage harmonique
caractérisé par une grande liberté de modulations.
Cette étude sur les doubles notes et les trilles est moins figée que la première
dans une formule rigide, elle contient des éléments plus mélodiques.
La formule de base présente une gamme en triolets avec tierce sur la troisième
croche du triolet, c'est là que réside le plus important problème pour l'égalité d'attaque.
Cette formule exposée d'abord par la main droite est inversée à la main gauche,
superposée :
1/ à une ligne mélodique en croches avec doubles notes (superposition binaire/ternaire)
2/ à des trilles.
L'étude évolue de ré à Ré.
Les œuvres de musique pure, nous l'avions dit en début de chapitre, ne sont
pas parmi les plus caractéristiques de Reynaldo Hahn; plus que les autre,
elles souffrent d'une certaine raideur académique.
A part la " Sonatine en ut majeur " qui est une grande réussite
dans le genre du pastiche, la plupart des autres œuvres mentionnées ici,
manquent de la spontanéité et du charme qui caractérisent les œuvres plus
courtes: feuilles d'album ou mélodies.
Reynaldo est bien le poète de l'intimité qui excelle dans la petite forme
ses dons se révèlent dans la notation d'impressions fugitives plus que dans
la construction d'une œuvre de grande envergure. Il souffrit toute sa vie
d'être traité par certains d' " agréable improvisateur sans profondeur " et confia dans une lettre à Risler: " Je me rends compte que les ouvrages qui, comme les miens, évoluent
dans une sphère d'images et de sentiments modérés risquent de déplaire à beaucoup... "
(1) Pourquoi mépriser une telle conception de
l'art puisque, comme le dit Bernard Gavoty, " l'ambition de tout homme
doit être, modestement, d'apporter - bloc ou caillou - sa pierre à l'édifice
des générations. " (2)
(1)
Bernard Gavoty: OP- cit. P. 132
(2) Bernard Gavoty: OP- cit. P. 314
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