Encore un pastiche cette œuvre qui parut pour la première fois dans la revue S.I.M. du 15 Janvier 1910; le numéro était consacré à un " Hommage à Haydn " qui incluait " 6 pièces pour le piano forte " :
1/ Debussy: Sur le nom de Haydn
2/ Dukas: Prélude élégiaque sur le nom d'Haydn
3/ Reynaldo Hahn: Thème varié
4/ D'Indy: Menuet
5/ Ravel: Menuet
6/ Widor: Fugue
Elle
fut ensuite éditée par Heugel en 1913 puis offerte aux lecteurs du " Ménestrel " du 31 Janvier
1914 avec la présentation suivante:
" Reynaldo Hahn eut le caprice d'écrire un thème varié dans la manière
de Haydn et comme il excelle en ces sortes de pastiche, il écrivit une pièce
charmante qui a tout le goût de l'ancien temps, lequel n'était pas le plus mauvais.
Tout l'esprit du vieux maître revit en ces quelques pages si fines. "
Citons encore cette opinion peu flatteuse de Reynaldo sur Haydn: " Exquis,
poudré, parfois provocant. Mais je défie qui que ce soit d'y trouver un sentiment
quelconque: des attitudes, des gestes, pas de profondeur. " (1)
Le thème est suivi de cinq variations.
Il
est présenté dans une harmonisation très claire de tonique-dominante et des
carrures classiques.
Ses quatre sections juxtaposent aux notes formées par le nom de
Haydn (si-la-ré-ré-sol) des motifs
mélodiques complémentaires.
La deuxième section de quatre mesures module au ton de la dominante (Ré), la
troisième dans les tons mineurs voisins.
Les cinq notes du thème sont donc énoncées quatre fois, chaque fois harmonisées
de façon différente; c'est là que réside tout l'intérêt de ce passage qui fourmille
d'appoggiatures et de retards expressifs.
Suivant la forme de la plupart des thèmes variés classiques (Mozart en particulier) cette première variation ornemente le thème en doubles croches. La structure en quatre sections et l'harmonie sont très strictement conservées.
C'est une variation polyphonique écrite à quatre voix qui superpose au thème des contre-chants et des notes expressives (retards, appoggiatures, notes de passage syncopées).
Cette variation rythmo-mélodique est en sol (ton mineur homonyme du ton principal) en référence aux règles de la variation classique. Elle présente le thème en contre-temps dans un mouvement régulier d'accords alternés entre les deux mains.
C'est une nouvelle ornementation du thème, en triolets de croches cette fois. Il faut remarquer dans cette variation de nombreuses fausses relations et d'expressifs frottements entre notes de passage et notes appartenant à l' harmonie.
Cette
variation finale anime la vie rythmique du thème qui de 3/4 passe à 2/4 par
l'adjonction d'un motif dactylique:
thème:
cinquième
variation:
Comme toutes les variations précédentes elle suit le schéma du thème.
Une coda de dix mesures s'enchaîne directement à cette variation, elle conclut dans un mouvement animé d'arpèges de tonique et dominante qui, par trois fois, fait entendre les cinq notes du nom de Haydn.
Il est difficile de mettre en parallèle cette charmante parodie avec les autres pièces qui figuraient dans cet " Hommage à Haydn " car l'esthétique qui animait Reynaldo est trop opposée à celles de Debussy et de Ravel en particulier.
(1) Bernard Gavoty: op. cit. p.136
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