La littérature pour piano, à la fin du siècle dernier et au début du nôtre, est caractérisée par un refus de la grande forme au profit d'œuvres de dimensions réduites qui convenaient mieux à l'esthétique du temps.

En feuilletant les journaux de l'époque on est surpris par cet engouement du public pour les pièces à caractère intime : feuillets d'album, morceaux de genre etc... C'est l'époque de ''l'Allée Solitaire", "Les bûcherons", "Le banc de mousse",      "La source enchantée" de Théodore Dubois, de "Papillons noirs",   "Papillons blancs", "Eau dormante", "Eau courante" de Massenet, du "Conte Fantastique" de Raoul Pugno, des "Offrandes" et des "Arabesques" de Léon Delafosse etc... 
Chez les compositeurs qui sont passés à la postérité, on retrouve également ce goût de la petite pièce : Saint-Saëns compose des valses, des bagatelles, des mazurkas mais " un phénomène surprenant est, qu'à aucun moment de sa carrière, il n'ait envisagé pour son instrument la composition d'une sonate, d'une fantaisie, d'une ballade, de l'une ou l'autre de ces œuvres de style soutenu, de souffle généreux dont la forme seule, toute frémissante encore des chefs-d'œuvre qu'elle avait contenus eut suffi, semble-t-il, à vivifier, à ennoblir sa pensée pianistique. " (3)
A un niveau différent, chez Fauré, nous retrouvons ce même esprit avec ses romances sans paroles, ses valses-caprices, ses barcarolles etc..
La liste pourrait s'étendre à la plupart des compositeurs de l'époque ; citons pour finir Chabrier et ses "Pièces pittoresques", Satie et ses "Gymnopédies", Reynaldo Hahn enfin ! car toutes ses œuvres pour piano sont des œuvres courtes, exception faite pour la Sonatine en ut majeur de 1907

L'esthétique de ces petites pièces sera celle de pratiquement tous les recueils de Reynaldo ; elle est caractérisée par la primauté de la mélodie faite de charme et de simplicité, par le raffinement de l'harmonie et par l'écriture pianistique refusant systématiquement la virtuosité au profit d'un style de confidence intime.
En cela Reynaldo se rapproche du Mendelssohn des "Romances sans paroles" du Tchaïkovsky des "Saisons" du Grieg des "Pièces lyriques" ou, pour parler d'un de ses contemporains, du Gabriel Dupont des "Heures dolentes".

Les œuvres à caractère chorégraphique ont une grande importance pour Reynaldo Hahn ; sa première œuvre éditée est une valse qu'il a composée à huit ans, sa dernière œuvre importante pour le piano "Le ruban dénoué" est une suite de douze valses à deux pianos.  
L'intérêt qu'il porte à la danse, Reynaldo le doit essentiellement à son père, Carlos Hahn, grand admirateur d' Offenbach.
Dans son Journal, Reynaldo écrit : " Quand j'étais petit, c'est au son des refrains d' Offenbach que mon père me faisait sauter sur son genou droit. Dès ce moment-là, le rythme de cette musique s'est implanté dans ma mémoire... Le rythme qui est à l'origine de tout et en qui réside un éclatant symbole d'énergie, d'équilibre, de probité. " [1]
Ce rythme de la danse, ressort essentiel de l'opérette, Reynaldo le fera vivre dans tout son œuvre : aux œuvres pour piano succéderont les ballets et les comédies musicales.  

La musique pure, par contre, n'est pas la forme d'art préférée de Reynaldo ; il écrit dans une lettre à Édouard Risler :
-Tout cède au charme de la voix - a dit Banville : tout, c'est vrai ; c'est pourquoi, après avoir terminé de vagues besognes en faveur de vils instruments de bois et de boyaux de porc, je reviendrai et pour toujours à la divine voix... " [1]  

et plus loin :  

Je n'ai jamais ressenti, entends-tu, jamais, une émotion intérieure en écoutant une œuvre symphonique. Je ne suis ému qu'au théâtre ou lorsqu'il y a des paroles ! " [2]

Et pourtant Reynaldo nous a laissé de bien belles œuvres instrumentales : un merveilleux quintette pour piano et cordes (1921), une sonate pour piano et violon (1926), trois quatuors et pas moins de quatre concertos, c'est beaucoup pour qui prétend ne s'intéresser qu'à la voix humaine ! A toutes ces œuvres instrumentales il faut ajouter quelques œuvres pianistiques qui entrent dans la catégorie de la musique pure.

On conclura ce préambule en parlant des œuvres pour piano les plus caractéristiques et les plus intéressantes de Reynaldo Hahn, celles qu'il a lui-même appelés parfois ses "poèmes", c'est à dire les pièces évocatrices et "littéraires" du musicien-poète qu'il fut.
On a déjà remarqué la polyvalence de ses goûts esthétiques et surtout la primauté qu'il accorde à la littérature ; il écrit à Édouard Risler : " Tu aimes la musique par-dessus tout et je regrette de tout mon cour de n'être pas comme toi. Il y a bien des choses que j'aime autant, je n'ose pas dire plus que la musique, et je rougis de mon aveu ; j'aime l'art dans son ensemble, dans la vision de tous les arts réunis. (1)
Son amour de la littérature le pousse à une profonde admiration de Schumann dont il écrit : " Quelle âme prodigieusement littéraire est la sienne ! Pour moi qu'obsède la réunion de la littérature et de la musique, une telle qualité est capitale. " (2)
Ces quelques citations mettent en relief l'importance de l'élément extra-musical dans l'œuvre de Reynaldo ; elles expliquent également la supériorité des compositions ayant un support littéraire (mélodies, opéras, comédies musicales, ballets, poèmes pour piano... sur les autres qui font souvent preuve d'une invention moins originale (concertos, certaines pièces de musique de chambre telle la "Sarabande et thème varié" pour clarinette et piano).  

Le voyage est une autre constante chez Reynaldo qui écrit : " Si je n'avais voué tant d'heures à la composition, il m'aurait semblé avoir passé mon existence à voyager. J'aime tout ce qui change autour de moi, tout en me laissant ‑ hélas ! ‑ pareil à moi-même. " (3)
Le "Rossignol éperdu" nous offre des souvenirs de toutes les beautés qu'il a découvertes, éparses dans le vaste monde : charme des soirées orientales, richesse des musées italiens ou majesté des cathédrales romanes.  

Ces œuvres poétiques s'échelonnent entre la dix-septième année et la trente-cinquième année du compositeur, c'est dire la distance qui sépare l'anodin " Au clair de lune " des dernières pièces du " Rossignol éperdu ".


(1)  Bernard Gavoty : op. cit. p. 129
(2) ibid. P. 135
(3) ibid. p. 222

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Bernard Gavoty op. cit. p.186
[2]
Bernard Gavoty op. cit. p.60
(3) Alfred Cortot : La musique française de piano, 2ème série. Paris, P.U.F. 1948 - p.65

 


 

 

Danse :

 

 

Les quelques exemples suivants, tirés de l'œuvre lyrique; montrent que la valse tient un rôle prépondérant dans tout l'œuvre de R.H. :

- Ciboulette : "Amour qui meurs... " (Valse de l'acte 3) -1923
- Une Revue : " valse de la fée" (in "Ballet des Nymphes de COROT)
                     "La dernière valse" "Les feuilles tombent, c'est l'automne" -1926
- 0 mon bel inconnu : Trio de l'acte 2 - 1933
- Brummell : Les bergers Watteau (acte 3) 1931
- Le Marchand de Venise : "L'amour qui pourtant n'est pas bête (acte 2) 1935


 

 

 

Poèmes :

 

 

 

 

 

 

 

Conclusion

Au terme de ce travail il est indispensable de cerner les caractéristiques de l'œuvre pianistique de Reynaldo Hahn, voire celles de son style.
"Le style est l'homme même" a dit BUFFON, comment ne pas appliquer cette maxime à une personnalité comme celle de Reynaldo Hahn ?  
Dans une lettre à Suzette Lemaire du 20 Mai 1895 Marcel Proust explique combien sa position vis à vis de la musique est différente de celle de Reynaldo : "Le point sur lequel nous sommes en désaccord c'est que je crois que l'essence de la musique est de réveiller en nous ce fond mystérieux (et inexprimable à la littérature et en général à tous les modes d'expression finis, qui se servent ou de mots et par conséquent d'idées, choses déterminées, ou d'objets déterminés -peinture, sculpture-) de notre âme, qui commence là où le fini et tous les arts qui ont pour objet le fini s'arrêtent, là où la science s'arrête aussi, et qu'on peut appeler pour cela religieux. (...) Reynaldo au contraire, en considérant la musique comme dans une dépendance perpétuelle de la parole, la conçoit comme le mode d'expression de sentiments particuliers, au besoin de nuances de la conversation. (...) La façon d'envisager la Musique de Reynaldo, je vois très bien comment elle sort tout naturellement de son tempérament de musicien littéraire. Ses tendances ne sont pas, croyez-le, le fruit de ses théories, mais ses théories, comme toujours, sont la justification que son esprit merveilleusement agile donne de son tempérament." (1)

Nous avons déjà à maintes reprises, au cours de ce qui précède, insisté sur l'importance primordiale qu'accordait Reynaldo à la littérature. Reynaldo Hahn n'est pas qu'un musicien, qu'un compositeur, c'est avant tout un artiste, un homme qui a choisi la musique pour s'exprimer ; laissons-le se définir lui-même : "(le) lyrisme doit prendre naissance dans la réalité, (...) pour cela il est bon que les compositeurs aiment la vérité, soient observateurs, copient la nature, c'est-à-dire les formes extérieures que prennent les sentiments. (...) C'est là un des grands problèmes de l'art musical tel que je l'entends." (2) 

"Une syllabe évocatrice, un élan qui donne l'illusion de la parole, cela m'emballe au-delà de toute expression. Je n'ai jamais ressenti, entends-tu, jamais, une émotion intérieure en écoutant une œuvre symphonique, quelle qu'elle soit, même de Beethoven, même de Mozart. Je ne suis ému qu'au théâtre, ou lorsqu'il y a des paroles ! C'est un phénomène inexplicable, mais certain. Devant une œuvre purement instrumentale, je n'éprouve que de l'admiration, mais je ne m'y mêle pas. Une phrase musicale me charme et me ravit mais ne m'émeut jamais : il n'y a que les sentiments qui m'émeuvent. " (3) 

Ces deux citations conjuguées définissent assez précisément l'esthétique de Reynaldo Hahn ; on y décèle la préférence pour ce qui n'est pas la musique pure. L'attrait de R.H. pour le théâtre lyrique et pour la musique vocale en général explique la primauté que son style accorde à la mélodie par rapport aux autres composantes du langage musical harmonie, rythme, timbre etc...  

Nous allons brièvement examiner ces différentes composantes en essayant de voir l'importance que Reynaldo leur a accordée.

De la mélodie, nous avons déjà dit un mot ; il faut souligner son essence typiquement vocale, même dans l'œuvre de piano. On peut citer comme exemples de cette mélodicité continue, caressante et charmeuse, des pièces comme

 

" Souvenir... Avenir..." (du "Ruban dénoué")
" Caprice mélancolique"
" Pièce en forme d'aria et bergerie "
" Le Pèlerinage inutile " (du "Rossignol éperdu")

L'expression sensuelle de la mélodie est renforcée et soutenue par une harmonie qui contribue à accentuer la séduction de sa courbe. La base de l'écriture harmonique de R.H., héritée de l'enseignement de Théodore Dubois, est simple, même un peu conventionnelle ; on le note surtout dans les œuvres de prime jeunesse. Au fil des années un enrichissement croissant de la texture harmonique nuit parfois à la fraîcheur de l'inspiration mélodique. La complexité pour elle-même n'est pas toujours convaincante. Sur ces données scolastiques se greffent certains détails harmoniques caractéristiques dont nous donnerons quelques exemples. Reynaldo Hahn bâtit souvent de longs passages sur le procédé de pédales harmoniques, simples ou doubles, qui provoquent des frottements expressifs :

 

" Portrait" (extrait de Juvenilia)
" Andromède résignée " (du Rossignol éperdu)
" Pour bercer un convalescent " n° 1

Autre procédé dont Reynaldo tire quelquefois des effets un peu faciles, celui des appoggiatures :

 

" Portrait " (du Rossignol éperdu)
" Les regards amoureux " (extrait de Juvenilia) 
" Caprice mélancolique "  

Parmi les accords que les compositeurs de l'époque utilisèrent à des fins expressives figurent en bonne place les septièmes majeures et les neuvièmes, accords langoureux s'il en fut :

 

" Anton Van Dyck " (des Portraits de peintres)
" La Feuille " (des Premières Valses)
" La Nativité " (du Rossignol éperdu) 

Certains enchaînements d'accords, inhabituels, certaines modulations brusques éveillent un regain d'intérêt dans le discours harmonique et lui confèrent un caractère d'improvisation :

 

" Les regards amoureux " (extrait de Juvenilia)
" Antoine Watteau " (des Portraits de peintres)

La conclusion des pièces présente une attention particulière de l'auteur : suspensions harmoniques (4), et accords avec notes ajoutées (5) prolongent l'atmosphère poétique.
L'écriture, le plus généralement tonale, est adoucie par un recours à la modalité, que ce soit dans les pièces aux couleurs exotiques (6) ou dans les pastiches (7)

Le contrepoint n'a pas été l'objet d'études approfondies pour Reynaldo Hahn ; il exprime son peu d'attirance pour cette discipline - en fait assez éloignée de sa personnalité - dans plusieurs passages de son journal. (8) En dehors d'un contrepoint libre et léger, toujours au service de l'expressivité de la mélodie principale, Reynaldo utilise les procédés classiques d'imitation (9) et de canon (10).

Le plan rythmique est peut-être celui qui offre le moins d'intérêt et d'invention chez Reynaldo Hahn. La simplicité de la ligne mélodique entraîne une rythmique naturelle qui la met en valeur. Ce n'est point au niveau rythmique qu'il faut chercher, dans ses œuvres, de vaines complications; son goût l'amène à utiliser plus volontiers des rythmiques balancées ou à caractère dansant. La juxtaposition des temps binaires ou ternaires, que l'on trouve souvent à l'époque, met une touche de langueur et de nonchalance dans certaines pièces. (11)

Sur le plan formel, Reynaldo n'est pas un novateur, nul ne s'en étonnera. Peu attiré par la "musique pure", il n'a sacrifié qu'occasionnellement aux grandes formes. " La lourdeur, l'ennui, voilà à tout prix ce qu'il faut éviter. Les Muses ne portent pas de lunettes." (12) Ainsi les pièces courtes sont plus de son fait que les sonates à l'honneur chez les "Scholistes". Il est à l'aise dans la forme "ABA" (la forme lied chère aux romantiques), dans la variation, dans le feuillet d'album (souvent monothématique), dans la pièce d'allure improvisée, de style rhapsodique, bref, dans la notation de "Visions fugitives".
On pourrait presque dire que Reynaldo invente pour chaque inspiration la forme qui lui convient. 
Quelle que soit l'importance de l'œuvre, Reynaldo a souci de sa perfection formelle : " Le dédain de la forme (est) une outrecuidance funeste dont il convient de se garder si l'on recherche quelque chose de plus durable que des succès immédiats, si l'on a d'autres ambitions que de flatter certains engouements de 1a mode ou de conquérir la faveur de petits cénacles éphémères. " (13) 
Pour définir en quelques mots l'écriture pianistique de Reynaldo Hahn on peut citer cette phrase du "Journal" concernant les mélodies : " Le rôle de la musique dans une mélodie ne devrait pas excéder celui de la rampe dans une pièce de théâtre. " (14)
Cette opinion est fort significative : pour mettre en valeur la ligne mélodique, Reynaldo saura toujours éviter la lourdeur et l'emphase ; " l'accompagnement " sera le plus souvent discret, fluide et pourtant recherché. On est loin des effusions du piano romantique et du flou de l'impressionnisme.
Reynaldo explique dans une page de son Journal le soin qu'il prenait à composer une page d'arpèges : 
" Que de difficultés pour écrire une simple page d'arpèges quand on aime le fini dans 1e détail. L'arpège est une formule si simple, si banale, qu'il faut la rendre intéressante par le soin. Éviter les chocs, ménager les contours, varier la disposition, broder autour d'un motif une guipure harmonique, voilà ce que c'est pour moi que d'écrire une page d'arpèges. Bien des grands maîtres n'ont pas pris cette peine. Saint-Saëns lui-même écrit les arpèges n'importe comment ; il lui suffit qu'ils soient coulants et corrects. Moi qui ne suis pas et ne serai probablement jamais un maître, je veux me donner le luxe d'écrire mieux qu'ils ne le font une page d'arpèges toute bête. " (15) 

L'écriture pianistique est simple également car ces œuvres étaient destinées principalement à des " amateurs " ; il fallait tenir compte du problème de la diffusion : l'auteur écrit ce qui est susceptible de plaire au public. Il ne fait donc pas appel aux prouesses techniques qui attirent les ovations des salles de concert mais à une sensibilité intime et poétique qui se traduit par un art des demi-teintes, un classicisme de l'écriture dans une conception romantique et littéraire de l'inspiration. 

Pour terminer revenons donc à l'aspect littéraire du style musical de Reynaldo " musicien-poète ". Comme chez Debussy, les titres des pièces, les exergues qui y sont apposés, les indications de l'interprétation ont un but évocateur, poétique. Chez lui, c'est toujours une émotion, artistique ou sentimentale, qui est à la source d'une idée musicale : 
" Il met en musique, d'après un don, intuitivement, ce qu'il regarde, tire le poème inclus en tout. " (16) et c'est peut-être là que réside le plus grand intérêt de l'œuvre pianistique de Reynaldo. 

Si l'on définit le style comme la proportion entre originalité et convention, on ne peut pas dire que Reynaldo Hahn possède un style tout à fait personnel ; si l'on compare ses œuvres à celles de compositeurs analogues de son époque on y trouve de nombreux points communs mais il faut dire que ses compositions sont plus soignées, qu'il s'en dégage un charme plus délicat, plus fin. On a souvent accusé Reynaldo Hahn de chercher surtout à " plaire " ; à ses yeux ce n'était pas un défaut, ce n'était pas non plus un but.
On lit dans son Journal : " Les jeunes musiciens ne songent qu'à plaire maintenant. Hélas ! je n'écris pas une note sans me dire que des gens qui ne sont pas encore nés l'entendront et la jugeront. " (17) Contrairement à ce que pensent certains, Reynaldo n'eut donc pas un talent facile ; il parle très souvent des difficultés que rencontre le compositeur scrupuleux
" Comme j'aimerais écrire un morceau de dix pages en un jour ! Au lieu de cela, il me faut souvent dix jours pour écrire une page. " (18)

Reynaldo Hahn, conscient de sa valeur et en même temps de ses limites, apporte dans son œuvre pianistique un témoignage personnel et attachant de la vie artistique de l'époque que l'on appelle maintenant " le Temps de Proust ".  


(1) Marcel Proust : Correspondance, tome 1 - Paris, Plon, 1970 - page 388
(2) Reynaldo Hahn : Notes - Paris Plon 1933 - p. 68
(3) Lettre à Édouard Risler citée par Bernard Gavoty : Reynaldo Hahn, musicien de la Belle Époque - Paris Buchet-Chastel 1976 - p. 60
(4) " Paulus Potter " (des Portraits de peintres)  
(5) " Ouranos ", "Passante " (du Rossignol éperdu)  
(6) " Narghilé " (du Rossignol éperdu)
(7) " La Nativité " (du Rossignol éperdu
(8) Reynaldo Hahn : Notes - Paris, Plon 1933 - p. 98
(9) " Pièce en forme d'Aria et Bergerie "
(10) " Le Jardin de Pétrarque " (du Rossignol éperdu)
(11) " La Promenade " (extrait de Juvenilia)
(12) Reynaldo Hahn : Notes - Paris, Plon 1933 - p. 96
(13) Reynaldo Hahn : Thèmes variés - Paris, Janin, 1946 - p. 284
(14) Reynaldo Hahn : Notes - Paris, Plon 1933 - p. 292
(15) Reynaldo Hahn : Notes - Paris, Plon 1933 - p. 137
(16) Stéphane MALLARMÉ : De la musique encore et toujours - Paris, édition du Tambourinaire, 1946 - p. 20
(17) Reynaldo Hahn : Notes - Paris, Plon 1933 -p. 39
(18) Reynaldo Hahn : Notes - Paris, Plon 1933 -p. 29

Table :

 

INTRODUCTION

HISTORIQUE

 

CHAPITRE 1  - ESQUISSES POUR UN PORTRAIT  

CHAPITRE 2 - SALONS 1900 ET MUSIQUES  

CHAPITRE 3 - CHRONOLOGIE  

 

ANALYSE

 

CHAPITRE 1 - MUSIQUE DE DANSE

CHAPITRE 3 - MUSIQUE PURE  


              1 : Allemagne
              2 : Italie
              3 : Angleterre
              4 : Orient
              5 : France

BIBLIOGRAPHIE - DISCOGRAPHIE  

Dans la première partie du mémoire, après avoir brossé un portrait du personnage que fut Reynaldo Hahn, cherchant à dégager les facettes les moins connues de cet esprit d'exception, nous essaierons de dresser le décor dans lequel il vécut la première partie de son existence (celle qui nous intéresse plus particulièrement dans ce travail) : l'univers proustien des salons littéraires et musicaux. Nous tenterons ensuite de décrire l'importance du rôle tenu par le piano dans un tel milieu. 

La seconde partie du mémoire est consacrée à une analyse succincte des quelque cent vingt pièces constituant l'apport de Reynaldo Hahn à la littérature pianistique (sont incluses dans cette étude, outre les œuvres pour piano à 2 mains celles pour piano à 4 mains et pour deux pianos à l'exclusion de toute autre œuvre utilisant le piano). 

Pour mener à bien l'élaboration de ce mémoire le fonds de la Bibliothèque Nationale nous a été indispensable car la totalité des œuvres pianistiques de Reynaldo Hahn n'est plus éditée.
Nous tenons donc à remercier ici Mesdames et Messieurs les Conservateurs de la Bibliothèque Nationale et en particulier Monsieur Jean-Michel Nectoux qui ont facilité nos recherches. 

Monsieur Bernard Gavoty a eu l'extrême obligeance de bien vouloir nous confier des manuscrits autographes d'œuvres inédites de Reynaldo Hahn ; qu'il trouve ici l'expression de nos remerciements les plus vifs. 

Nous tenons également à remercier Madame José Frossard née Schramek, fille de l'exécuteur testamentaire de Reynaldo Hahn et Madame Magda Tagliaferro, amie et interprète du compositeur, pour les renseignements et l'aide qu'elles nous ont apportés avec tant de sollicitude.

N.B. dans chacune des pages, en cliquant sur l'image vous pourrez lire l'analyse de Guy Sacre sur chacune des œuvres (extraite de son livre : La Musique de Piano, dictionnaire des compositeurs et des œuvres (Robert Laffont - Collection "Bouquins", 1998)

Introduction :

Dans le vaste univers musical il est encore des territoires peu explorés ; de ce fait les recherches peuvent apporter de nouvelles découvertes, de nouvelles joies, et, comme l'a écrit Schumann, "on n'a jamais fini d'apprendre".
Ainsi la musique française de la fin du siècle dernier possède encore certaines faces cachées. Si les grands représentants de ce que Norbert Dufourcq a appelé "le troisième âge d'or de la musique française" ne sont plus à découvrir, il n'en est pas de même pour d'autres compositeurs dont certains ont eu pourtant le privilège de "plaire" à leurs contemporains. Ce fut par exemple le cas de Massenet et de ses émules qui ont maintenant des détracteurs. Il était donc intéressant de tenter de lever le discrédit qui touche cette musique trop considérée comme une "musique de salon". 

Nous avons donc choisi de travailler sur l'œuvre de piano de Reynaldo Hahn. Pourquoi Reynaldo Hahn et pourquoi son œuvre de piano ? 

Il faut dire tout d'abord que Reynaldo Hahn est une personnalité marquante de l'époque, personnalité qui a été remarquablement décrite par Monsieur Bernard Gavoty dans son ouvrage "Reynaldo Hahn, musicien de la Belle Époque'', Belle Époque, ce nom seul suffit à expliquer son charme et son attrait ; l'aura dont cette période est entourée évoque instantanément les fastes d'une vie vouée aux plaisirs de l'art sous toutes ses formes ; ce fut l'une des raisons du choix de notre sujet. 

D'autre part, le piano a joué un si grand rôle dans la vie musicale des salons de tout le XIXème et en particulier de la fin du siècle qu'il nous a paru intéressant d'examiner en détail l'œuvre pianistique d'un compositeur célèbre à son époque, oublié aujourd'hui : on connaît ses opérettes, ses mélodies mais on ignore sa musique pour piano. 

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