Le recueil des Rondels est édité le 26 juillet 1899, chez Heugel & Cie, sous les références H. 19 721 à 19 732.
Voici les douze mélodies qui constituent le recueil :
La Nuit
1. Présentation matérielle
D'un grand format (24,4 x 31,8), broché, il se compose des pages de couverture, de deux pages de garde et de 57 pages numérotées.
La première de couverture présente, autour d'un bandeau titre (Rondels) très simple à fond nu, des entrelacs de feuilles d'acanthe et chèvrefeuille dans le style Art nouveau.a) La première de couverture
b) La première page de garde
La première page de garde présente un titre plus complet :
RONDELS
sur des Poésies de
CHARLES D'Orléans, THÉODORE DE Banville ET CATULLE Mendès
Le tout est encadré d'une frise qui reprend les motifs de chèvrefeuille de la couverture ; les tons sont vert d'eau.
c) La deuxième page de garde
Cette page de garde présente le dédicataire et la lettre que Reynaldo Hahn lui adresse, signée et datée de 1899. La voici :
À Louis Landry
« Mon cher ami,
Nous avons parlé ensemble quelques fois, de la déclamation et de la prosodie musicales ; or, je me suis attaché, en ce petit recueil, à résoudre un de leurs plus subtils problèmes : j'ai tenté de prouver les rapports mystérieux qui existent entre l'inflexion naturelle de la voix et l´harmonie.
Pour cela, j'ai choisi le « Rondel », c'est-à-dire un poème à forme fixe, dont la lecture parlée obéit à certaines règles exigées et dictées par l'ouïe et l´instinct.
Je n'ose me flatter d´avoir réussi, mais je suis certain que vous comprendrez et approuverez mon effort.
Acceptez donc ces pages, que je vous offre en remerciement de votre solide amitié et en témoignage de la mienne ».
Cette page présente la table avec les douze titres et leur pagination. Le tout est enguirlandé en couleur bleue au motif d'acanthes rappelant celui de la première de couverture, en plus simple. Le dessin est toujours signé P. Borie.d) La troisième page de garde placée en fin du volume
2. Diffusion
Le recueil est imprimé en 1899 à un nombre moyen d'exemplaires. Le recueil complet est proposé au prix net de 6 francs.
Voici le classement d'exemplaires imprimés (1899 /1989) :
Rondels |
Rang |
I Le Jour (chœur) |
7è |
II Je me metz en vostre mercy |
6è |
III Le Printemps |
3è |
IV L'Air |
11è ex æquo |
V La Paix |
4è |
VI Gardez le trait de la Fenêtre (chœur) |
11è ex æquo |
VII La Pêche |
8è |
VIII Quand je fus pris au Pavillon |
2è |
IX Les Étoiles |
10è |
X L'Automne |
9è |
XI La Nuit (chœur) |
5è |
XII Le Souvenir d'avoir chanté |
1er |
Parmi ces douze numéros regroupés ici, trois seront de nouveau choisis pour être édités dans le second volume publié en 1921 :
- Le Souvenir d'avoir chanté en n° 6,
- Quand je fus pris au Pavillon en n° 7,
- Le Printemps en n° 11. Rappelons aussi que le premier volume présente une version pour voix seule et piano de La Nuit écrite, dans ce recueil, pour chœur.
Il existe pour chacune de ces mélodies une édition en séparé sous les références Heugel, 1898 - 19 721 à 19 732, imprimée jusqu'en 1923. Le tarif proposé pour chacune d'elles est : 6, 3, 6, 4, 3, 5, 5, 3, 5, 3, 5 et 3 francs.
Plusieurs d'entre elles sont offertes en complément du journal Le Ménestrel. Ce sont :
- Je me metz en vostre mercy (n° 32 du 06 août 1899) ;
- Quand je fus pris au Pavillon (n°44 du 29 octobre 1899) ;
- La Pêche (n°48 du 26 novembre 1899).
Il existe une édition américaine[1] qui reprend l'une de ces mélodies : c'est Quand je fus pris au Pavillon.
3- Présentation des dédicataires
Ce recueil est dédié à Louis Landry, ami du compositeur (cf. supra).
Six des douze mélodies de ce recueil sont dédicacées :
III Le Printemps |
à Edmond Clément |
IV L'Air |
à Mademoiselle Guiraudon qui a une voix aérienne |
V La Paix |
à Mr Le Docteur A. Goguel |
VII La Pêche |
à Monsieur Paul Puget |
VIII Quand je fus pris au Pavillon |
à Fugère |
X L'Automne |
à Mademoiselle Jane Bathori |
Trois artistes lyriques sont ici remerciés : MM. Edmond Clément, ténor, célèbre dans le rôle de Vincent dans Mireille de Charles Gounod et créateur du personnage de Loti dans le premier opéra de Reynaldo Hahn, L'Île du rêve (1898) ; Lucien Fugère, baryton, créateur du Roi malgré lui d'Emmanuel Chabrier (1890). Mademoiselle Jane Bathori, jeune chanteuse qui crée de nombreuses mélodies de l'auteur (cf. infra les Chapitres 3. 3 Études latines et 3. 7 Five little songs).
4. Présentation poétique et musicale
Le recueil est très composite à bien des égards. Tout d'abord, parmi les douze pièces, trois sont écrites pour chœur mixte. Ce sont :
- Le n° 1, Le JourD'autre part, trois poètes de périodes différentes ont été choisis :
- Charles d'Orléans (1394 /1465), poète de la Renaissance : les n° 2 et 8 ;Ces deux derniers appartiennent au mouvement du Parnasse contemporain.
On l'aura compris : l'unité de ce recueil repose sur la forme rondeau de chacun des poèmes que Reynaldo Hahn essaie d'illustrer ici. La lecture de l'« envoi », caractéristique de ce genre poétique, présent trois fois dans le poème, en est chaque fois différente, selon qu'il sert d'introduction, qu'il se glisse dans le discours ou bien quand il clôt l'ensemble. Reynaldo Hahn a su éviter une reprise qui pourrait se confondre à un refrain (tentation à laquelle n'ont pas résisté des compositeurs comme Charles KOCHLIN, Xavier LEROUX par exemple). Ce défi est remarquablement relevé ici.
Donc, en plus d'une uniformité quant au genre poétique, le compositeur réussit à ne pas déroger à la règle qu'il s'est donnée : répondre « à l'inflexion naturelle de la voix et de l'harmonie ».
On retrouve, dans l'ensemble de la production musicale du compositeur, une seule autre mélodie qui illustre ce type de structure poétique avec ce même esprit : Le rossignol des lilas (n° 15 du second volume) : elle est composée en 1913, quatorze ans après l'édition du recueil.
Ce cycle est charpenté par les trois pièces pour chœur qui sont en première, sixième et onzième positions sur les douze numéros. La douzième et dernière pièce, Le Souvenir d'avoir chanté, possède un long prélude et un postule, au caractère maestoso ; de plus c'est une marche qui semble ne jamais finir, progressant d'un pas ferme et confiant. Elle finit tout ce recueil de façon éloquente.
L'ambitus vocal pour l'ensemble de ces pièces s'étend du ré 2 (Je me metz en vostre mercy) au la 3 (Le Printemps et Les Étoiles) : elles s'adressent donc à une voix de ténor ou soprano.
Pour anecdote, on peut faire part de cette remarque écrite sur l'originale du Printemps, au sujet de son la aigu à la 24è mesure[2] : "on dira certainement que je prosodie mal !! ".
Sylvain Paul Labartette
partition disponible à la vente chez Leduc :
HE 19721
[1] Twelve songs by Reynaldo Hahn, selected and edited by Sergius Kagen, (F. & E.), New York, International Music Company, 1952 - 1960 (réf. 1128).
[2] Cf. Annexe V, p. 168.
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