Marcel Proust
Lettres à Reynaldo Hahn

X-186

[Peu après le 3 novembre 1911] 1

 

 

Mon bugniguls

 

J'ai été tellement genstil tous ces jours-ci et toujours lesvé avant 8 heures (bensonge) que je suis fasché que tu n'es pas venu, et bien content que tu ne viendras pas (bérité). Travaille bien mon enfant et sois gentil avec Zadig. Mais n'invente pas de chanster Zadig, digue digue digue, comme tu chanstais la Chandelle, delle delle delle, d'une façon tellement atacante pour ton cher Buncht

Je ne vois plus rien à te dire et je te donne bonsjour

B

J'ai hascrit que l'on t'envoie la rançon de ton chouen.2

j'écris un opuscule

Par qui Bourget descend et Boylesve recule

Je vais te faire tout recopier en plus net pour que tu aies plus gentillesse 3. Mais si après tu le trouves vilain, ce n'aura plus été peine et peine.


1. Coll. M. H. Bradley Martin. Hahn 214 (n° CXXXVII). Le papier de l'original, blanc vergé 222 x 172 mm. sans filigrane, est identique à celui de la lettre à Max Daireaux que nous situons peu après le 15 novembre 1911. L'annonce de l'envoi de " la rançon de ton chouen N semble situer cette lettre immédiatement après celle adressée à Zadig : voir la note 2 ci-après.

2. Cf. la fin de la lettre à Zadig ci-dessus, où Proust exprime son intention d'effectuer le paiement du chien, lettre que nous situons peu après le S novembre 1911.

3. Allusion à la dactylographie de son œuvre qu'il fait faire par Miss Hayward.