Marcel Proust
Lettres à Reynaldo Hahn

XIII-24

[Peu après le 21 janvier 1914] 1

 

 

 

 

Mon cher Genstil

 

 

Je m'ennuie tellement de te savoir fasché que je t'envoie encore un petit bonsjour.

Merci bouen d'avoir entendu ce chansteur 2, nous en parlerons quand tu seras guersi 3.

Si cela peut te montrer que je t'imite en tout je t'envoie deux petites lettres que j'ai reçues, une carte et quant à la réponse aux félicitations 4, je les avais fait [es] d'une seule ligne et tellement froides que j'ai été stupéfait de la réponse.

Je reste dans mon lit puisque tu ne veux pas de moi 5 mais je pense à toi boscoup mon genstil. Laisse-moi t'envoyer des petites fleurs. Tel plaisir pour moi mon bininuls chersi, encore bonsjour mon chersi [.]

 

Marcel. 

 


 

1. Hahn 248 (n° CLXVI). Les remerciements au destinataire pour avoir entendu un chanteur semblent situer cette lettre avant celle que Proust adresse à Mme de Caillavet et que nous situons peu après le 25 janvier 1914 (note 2 ci-après); les allusions à la maladie du destinataire " quand tu seras guersi " (note 3), à l'offre de la lettre précédente de venir chez le destinataire (note 5), aux félicitations " (note 4) semblent situer cette lettre peu après le 21 janvier 1914.

2. Il s'agit sans doute d'un chanteur malheureux du nom de Peyre. Voir ci-après la lettre 32 à Mme Gaston de Caillavet, que nous situons peu après le 25 janvier 1914.

3. Hahn a mal à la gorge. Voir à ce sujet la lettre précédente du même au même, que nous datons du 21 ou 22 janvier 1914.

4. Il s'agit de félicitations pour Du côté de chez Swann, paru le 14 novembre 1913.

5. Dans sa lettre précédente au même, Proust s'offrait à venir en dépit de son rhume s'installer chez le destinataire " si cela peut te faire rester chez toi ". Hahn a dû répondre en déclinant cette offre.