Cette œuvre correspond tout à fait à l'esthétique de retour au passé qui en ces années occupe entièrement la pensée de Reynaldo: de 1896 date le "Cantique de Racine" qui prendra place dans le second recueil de mélodies, en 1898 c'est la musique de scène pour "Esther", en 1899 certains "Rondels" sur des poèmes de Charles d'Orléans mais surtout "La Carmélite" l'importante comédie musicale qui l'occupera de 1898 à 1902.

Reynaldo qui, dans un article sur "La Carmélite", se définit comme un "fervent apôtre du XVII° siècle" admire par dessus tout l'équilibre qui caractérise le style classique par exemple chez Mansart, Madame de Sévigné, Racine ou Lully dont il avait projeté d'écrire une biographie : " Il serait intéressant d'écrire une vie de Lully où défilerait toute la cour de Louis XIV et où l'on examinerait de près l'œuvre immense de ce maître, fondateur de tout ce qui est beau dans la musique dramatique française. " [1] 
Tous ces artistes représentent l'idéal qu'il essaye d'atteindre, lui qui écrit: " La devise: -Fuyez les orages- est peut-être la plus belle et la formule artistique la plus complète qui existe. Ces trois mots renferment toutes les lois éternelles de l'art. " [2]  
La pièce qui nous intéresse ici est un délicat pastiche, genre dans lequel Reynaldo s'illustra à maintes reprises.

 

L'aria en sol déroule sa noble ligne expressive (sixte mineure dés l'entrée, appoggiature conclusive) sur un accompagnement imitant les pizzicati de cordes "accords faiblement arpégés" au seconda)
  


Le jeu d'imitations, le procédé de marches harmoniques de la seconde section et ses variations ornementales (rappelant les "doubles" de l'école française de clavecin) confèrent à cet aria un caractère d'authenticité douteuse ! C'est ainsi que vers 1900 on concevait la musique du XVII°.  

La Bergerie qui est enchaînée directement à l'aria (après une coda sous forme de gamme) est dans le ton homonyme Sol. le thème d'allure pastorale, en deux sections, découpé en périodes régulières, s'inscrit dans un ambitus restreint (quinte), il est soutenu par un accompagnement sous forme de bourdon




Les deux sections du thème (antécédent + conséquent) sont développées de façon rudimentaire avec jeu d'imitations puis augmentation.
La coda est basée sur l'antécédent donné par les deux parties sur quatre octaves.
Contrairement à l'aria qui modulait librement, la bergerie, de caractère populaire, ne quitte le ton principal que pour quelques emprunts aux tons de la dominante et de la sous-dominante.

 

 


(1) Reynaldo Hahn : Notes (Journal d'un musicien) p.111
(2) Reynaldo Hahn : Notes (Journal d'un musicien) p.45

: enregistré par le duo Sans-Palacios durant le concert du 5 octobre 2002 au Festival Reynaldo Hahn à Caracas.

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