Le Dieu bleu, ballet en 1 acte (Jean Cocteau, Frédéric de Madrazo)
création à Paris, au Théâtre du Châtelet, le 13 mai 1912 (Paris : Heugel, 1911).
Argument de Jean Cocteau :
Un soir chaud de l'Inde fabuleuse. Temple taillé dans le roc ; immense bassin où règne le Lotus sacré. A gauche massives portes d'or. Au fond derrière une grille qui relie entre elles de larges colonnes une plaine baignée par le Gange. Tout le décor est envahi par une floraison sauvage ; des serpents sacrés pendent le long des murailles, des tortues géantes aux carapaces peintes sommeillent autour de l'eau. Un jeune homme va devenir prêtre de la Divinité. Foule, offrandes, cérémonie. Une femme apporte des paons sur ses épaules, d'autres, des fruits et des fleurs inconnus sur des disques de métal. Danse On ôte au Jeune Homme ses vêtements profanes et on lui passe la robe safran des prêtres. DANSE DES PORTEUSES D'OFFRANDES Entrée des yoghis à clochettes. Ils ont les cheveux rouges, le corps frotté de cendres, le regard éteint. DANSE DES YOGHIS Avant d'introduire le Jeune Homme dans la sanctuaire, les prêtres se livrent à une invocation définitive. Brusque tumulte ; une jeune fille bouscule les gardes, se précipite aux genoux du Jeune Homme et le supplie de ne pas la quitter pour le culte divin. Il la repousse avec douceur et reste en extase. Supplications douloureuses de la Jeune Fille. Les prêtres la narguent et la défient. Ils l'insultent, veulent la chasser. Mais la Jeune Fille, indifférente à leurs menaces, se met à danser pour reprendre Celui qu'elle aime. Indignation des prêtres contre l'audacieuse qui trouble et désordonne leurs mystères. Ils veulent s'emparer d'elle... mais elle leur échappe et revient près de son bien-aimé. Elle danse encore avec mélancolie une danse des souvenirs. Elle lui rappelle leurs joies haletantes au bord du Gange, leur double course dans des nuages d'odeurs et de poussière. Peu à peu le Jeune Homme la regarde et se trouble. Elle s'en aperçoit, et sa mimique devient plus rapide, plus insinuante. "Viens ! viens ! lui dit-elle, la plaine est proche !" Son geste et son élan lui indiquent la campagne traversée d'ibis roses. Il s'élance vers elle. Colère des prêtres. Scandale. On saisit le Jeune Homme, on l'emporte. Menaces terribles du Grand Prêtre à la Jeune Fille ; il lui fait comprendre qu'elle va subir un supplice. Railleries des prêtres servants. Tandis que la foule se disperse, on apporte de longues et fines chaînes d'or dont on charge les membres de la Jeune Fille. On ferme les grilles entre les colonnes. La nuit est complète. La Jeune Fille est seule. Silence, la lune miroite sur l'eau du bassin. La Voie lactée inonde le ciel. Cloches dans un des sanctuaires. La Jeune Fille se glisse, se traîne le long des murailles, cherchant une issue... Les grilles lui résistent. Espoir ! Une lueur nette raye les ténèbres à l'interstice des portes d'or. Elle pousse les battants, une porte cède, mais la Jeune Fille recule, ivre d'horreur. Les monstres et les démons enfermés dans le temple surgissent en un effroyable cortège. Il entourent la Jeune Fille ; les uns rampent, d'autres bondissent ou volent. Ils décrivent autour d'elle une ronde frénétique. Ils veulent la pousser dans leur antre. Alors la Jeune Fille se souvient de la Divinité. Elle tombe à genoux et tend les bras vers le Lotus. Son cœur bat, elle supplie ! Miracle. Malaise. La lumière change, les monstres s'arrêtent comme inquiets et se retournent. Lentement, le bassin s'éclaire. Le Lotus s'ouvre. La Déesse paraît. Souriante, grave, immobile, elle a des lèvres et des ongles d'or. Elle est accroupie au milieu d'un jaillissement d'étamines éblouissantes. L'index de sa main droite est tourné vers l'eau ; touchant presque la sienne, une autre main dont l'index est levé sort de l'eau, puis un bras ; cette main et ce bras sont bleus et, suivant cette lente montée, le Dieu émerge. Il est complètement de couleur bleue, avec des lèvres et des ongles d'argent. La Déesse lui montre la jeune martyre. Il marche sur l'eau, saute sur les dalles, se dirige vers les monstres les regarde et s'apprête à les charmer. DANSE ET SCENE. Les geste du Dieu bleu sont tour à tour doux et frénétiques. Il saute de l'un à l'autre en bonds terribles et souples. Il se joue et se glisse parmi leur troupe grouillante. Tantôt il les captive par des poses cabalistiques et tantôt les effraye par des menaces superbes. Ils essayent de le terrasser. Il les évite. Il rampe lorsqu'ils sautent et voltige lorsqu'ils rampent. Sur son ordre, les branches des fleurs sauvages se penchent, s'enroulent à leurs membres et les lient. Quelque-uns respirent les corolles et tombent pâmés sur les dalles. Le Dieu bleu, à qui la Déesse n'a pas cessé par d'imperceptibles gestes d'ordonner les détails de sa danse, lui montre en souriant les monstres inoffensifs. La Déesse brise une étamine de Lotus et la donne au jeune Dieu qui dans cette flûte impovisée souffle le chant suprême de l'enchantement divin. Il joue et se berce lui-même avec volupté. Les monstres sont maintenant plongés dans une extase immobile. Le Dieu court de l'un à l'autre, afin d'être sûr de sa puissance. Radieux, il tournoie avec une frénésie décroissante et s'accroupit, vainqueur, au milieu des monstres dociles et charmés. Lumière, tumulte ; les prêtre rentrent pour constater l'effet de leur vengeance. A la vue du miracle, ils tombent la face contre terre. La Déesse ordonne aux prêtres de délier la Jeune Fille. Ils obéissent en tremblant. Une atmosphère de félicité bouddhique se répand sur toutes choses. Les amants se réunissent et s'étreignent. Elle lui reproche ses alarmes, et lui raconte la hideuse scène et l'intervention divine. Mais ils sont ensemble ! Cela seul importe ! Elle danse de joie. Un geste plus ample de la Déesse fait naître un gigantesque escalier d'or qui se perd dans l'azur torride. Debout au cœur du Lotus, la Déesse étend les bras et bénit le couple. Le Dieu monte vers le ciel. |
Décor et costumes de Léon Bakst :
programme 5 et 7 juin 1912 |
Léon Bakst |
Figurants |
Michel Fokine |
Tamar Karsavina |
Tamar Karsavina et Max Frohman |
Lydie Nellidoff |
Bronislava Nijinska |
Vaslav Nijinski |
Les porteuses de paons |
Une bayadère |
Porteur d'objets pour sacrifices |
costume |
Une bayadère |
Un grand prètre |
La mariée |
Une mendiante |
Un pélerin |
Le prètre Agni |
Un Radjah |
Un mendiant |
Un jeune Radjah |
Revue Comœdia : numéro spécial du 1er juin 1912 consacré aux Ballets Russes et en particulier au "Dieu bleu" :
L'œuvre dans la presse :
Le Ménestrel (11 mars 1911)
Le Ménestrel (10 juin1911)
Le Ménestrel (15 juillet 1911)
Le Ménestrel (7 octobre 1911)
Le Ménestrel (25 novembre 1911)
S.I.M. (15 janvier 1912)
Le Ménestrel (16 mars 1912)
Les Annales du Théâtre et de la Musique (13 mai 1912)
Le Figaro (14 mai 1912)
Le Gaulois (14 mai 1912)
Le Temps (14 mai 1912)
Le Temps (15 mai 1912)
Le Ménestrel (18 mai 1912)
Le Monde Artiste (18 mai 1912)
Le Temps (28 mai 1912)
Fémina (15 juillet 1912)
29 mai 1912 |
4 juin 1912 |
Le Ménestrel (30 novembre 1912)
Revue Française de Musique (1er février 1913)
Le Ménestrel (8 mars 1913)
Le Ménestrel (30 janvier 1920)
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