Cette
œuvre n'a pas été éditée; le manuscrit m'en a été communiqué par M. Bernard
Gavoty qui situe sa composition en 1892.
Magda Tagliaferro, à qui j'ai posé le problème des œuvres inédites, m'a expliqué que Reynaldo,
surtout dans sa jeunesse, n'attachait pas une grande importance à la diffusion
de ses œuvres dans le grand public; il écrit ses pièces "pour lui et quelques
amis".
C'est ainsi qu'il note en 1914: " Célèbre ? Non: à part un cercle d'une
centaine d'amis, je suis un inconnu. " (1)
Cette affirmation, par trop modeste, sera bien vite démentie par les succès
populaires qu'obtiendront à partir de 1923 toutes ses opérettes et comédies
musicales.
(extrait du premier enregistrement mondial par Leslie Howard et Mattia Ometto)
Les variations Levadé qui sont au nombre de dix forment une œuvre relativement ambitieuse (38 pages de manuscrit).
Le
thème, en Sol, chose curieuse, n'est pas mélodique; il est entièrement construit
sur les arpèges brisés de deux accords septième d'espèce et neuvième de dominante
sans fondamentale)
L'équilibre ternaire du thème ABA ne sera pas toujours conservé dans
les variations.
Toutes les variations sont très nettement caractérisées: changements de tempi,
de mesures, etc...
Variation 1: (Introduction) - Allegretto à 6/8
Le prima énonce les notes du thème en les rythmant (barcarolle et sicilienne). Elle s'achève sur l'accord de tonique avec sixte ajoutée.
Variation 2: Allegro à C
Le thème est présenté au seconda sous forme de grands accords dans la nuance FF accompagné par des batteries en triolets au prima.
Variation 3: Allegretto à 6/8
Dans la même
atmosphère gracieuse que la première variation le thème est exposé dans un rythme
de barcarolle soutenu par des accords à contretemps.
Il faut remarquer les modulations expressives par enchaînements de septième de dominante qui viennent relancer l'intérêt dans la reprise de A.
Variation 4: Animato assaï
C'est
une variation rythmique basée sur un ostinato de croche pointée double. Elle
débute en sol pour bientôt rejoindre le ton principal.
C'est le prima avec ses accords sous forme de fanfare qui fait moduler
sans cesse par le procédé d'enchaînement d'accords de dominante.
Variation 5 Andante con moto, ma molto espressivo à 6/8
Retournant à la simplicité initiale, le thème est accompagné par d'expressifs arpèges remontants. La section centrale contient un canon entre les deux parties.
Variation 6: Scherzando à 3/8
C'est une variation rythmique qui fait dialoguer prima et seconda sur le motif suivant :
A remarquer dans ce scherzo l'opposition des articulations legato et staccato.
Variation 7: Plutôt andante et grave, très expressif tout le temps
C'est la variation méditative de la série, dans le ton homonyme sol. Le prima déroule sa rêverie nocturne sur les mouvantes batteries du seconda.
Variation 8: Mvt de valse
Le
manuscrit indique: " les quatre ou cinq premières mesures de cette variation
sont de Charles Levadé "
(on peut rappeler à ce propos que Levadé fut un camarade de Reynaldo
dans la classe de composition de Massenet).
Il s'agit d'une valse très légère tout en arpèges brisés (comme le thème) répartis
entre prima et seconda et soutenus par quelques basses délicates
Variation 9:
Une des plus
intéressantes de la série: elle résume en effet tout le début de la partition
en reprenant à chaque fois les éléments caractéristiques de chaque variation
(tempo, rythmique, procédé de variation, etc...) tout en opérant de notables
transformations; ainsi, dans la période indiquée "Mvt du thème" elle reprend
les sections A et B sous forme de canon à quatre voix.
La huitième section de cette variation introduit le mouvement de quadrille qui formera le final de la série.
Variation 10: Prestissimo, avec beaucoup d'entrain et de chaleur
C'est
une conclusion endiablée dans le plus pur style des finales des opérettes d'Offenbach (compositeur que Reynaldo admirait énormément et dont il aima, dés son plus
jeune âge, interpréter les refrains).
L'ostinato rythmique caractéristique de cette danse est pris dans un tempo de
plus en plus animé par le seconda. Le thème de la section médiane doit être
joué "avec une sonorité vulgaire de cornet à piston". La coda sur
l'accord de tonique en fanfare conclut joyeusement ces variations aux aspects
multicolores qui méritaient, tout autant que la série de 1904, d'être, par le
privilège de l'édition, livrées au public.
(1) Bernard Gavoty : op. cit. p.231
Loading
|
This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported License.