C'est toujours un événement musical que l'apparition d'un nouveau recueil de Reynaldo Hahn, et celui-ci est d'importance puisqu'il ne contient pas moins de cinquante-trois "poèmes pour piano" réunis sous le titre original de "Rossignol éperdu".
Et en effet le musicien y chante éperdument, passant sans transition d'un sujet à l'autre, comme cela lui vient, au jour le jour, ici c'est une élégie, et là un scherzo, plus loin un souvenir de voyage, puis une impression d'Orient, voilà un coin de Versailles, et le chapelet se déroule, aux grains variés et chatoyants." 

C'est ainsi que le "Ménestrel"  présentait à ses lecteurs ce gigantesque recueil qui venait d'être édité par Heugel; l'élaboration des cinquante-trois pièces qui le composent s'échelonnent entre la vingt-quatrième et la trente-cinquième année du compositeur. 

Oeuvre de maturité donc, aboutissement, nous l'avons déjà dit, de son œuvre pianistique et en même temps terrain d'expériences et de recherches pour des langages nouveaux qui veulent à tout prix se démarquer de celui du salon qui caractérise les œuvres antérieures. 

Reynaldo a toujours souffert d'être traité de " musicien de salon" de " petit maître" ou " d'agréable improvisateur" au "délicat génie"; dans cette œuvre il veut prouver à tous ses détracteurs qu'il est capable de composer autre chose que " Si mes vers avaient des ailes" ou "Paysage".

Ce désir d'arracher l'étiquette dont on l'a marqué le pousse à compliquer son écriture et cette recherche de la "complexité pour la complexité le conduit parfois à être " tarabiscoté, un rien précieux, plus esthète que vraiment émouvant" (reproche qu'il faisait à Debussy). 

Bien entendu cette critique ne s'applique qu'à un petit nombre des pièces du recueil, la grande majorité du " Rossignol éperdu" conservant la spontanéité et la sincérité qui avaient caractérisé les œuvres précédentes. 

On trouve dans ce recueil, et pour la première fois chez Reynaldo, l'influence de l'impressionnisme. On pourrait rapprocher certaines pièces, non de Debussy, mais de Gabriel Dupont, ce compositeur malheureusement si méconnu dont la suite "La Maison dans les dunes" présente un aspect de l'impressionnisme qui pour être secondaire n'en est pas moins intéressant. 

"Le Rossignol éperdu" est divisé en quatre séries: 

Série I : n°1 à n°30
Série II: Orient n°31 à n°36
Série III: Carnet de voyage n°37 à n°45
Série IV: Versailles n°46 à n°53

 

partition disponible à la vente chez Leduc : 2 volumes HE 33879 et HE 33880

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