Le "Scherzo lent" date de la même époque; c'est une œuvre inédite dont le manuscrit
m'a été confié par M. Bernard Gavoty qui situe sa composition en 1891.
La juxtaposition des mots "scherzo" et "lent" est pour le moins inhabituelle;
en fait, du scherzo, Reynaldo ne conserve dans cette œuvre que la rythmique
à trois temps et la structure tripartite scherzo-trio-scherzo; le tempo "Un
peu modéré mais sans exagération" donne au morceau le caractère d'une danse
lente et expressive.
L'écriture
pour deux pianos est encore très rudimentaire, les deux exécutants jouant le
plus souvent à tour de rôle ou se contentant de doubler une partie d'accompagnement
ou la mélodie.
Il s'agit essentiellement d'un dialogue entre les deux instruments, dialogue
qui commence dés le premier motif en accords (a1),
modulant à la deuxième mesure de La à do dièse d'une façon très gracieuse.
(extrait du premier enregistrement mondial par Leslie Howard et Mattia Ometto)
Le second motif du scherzo, a2,
est purement mélodique: c'est un thème très lyrique de grand ambitus sur accompagnement
d'arpèges en triolets superposition binaire/ternaire).
A remarquer que le trio, dans sa première section, s'inspire directement du
premier motif du scherzo, a1;
c'est presque une reprise textuelle simplement transposée en Si bémol (
a1 est donc une sorte de motif unificateur de la pièce).
Le thème propre au trio, b2,
est présenté par le second piano, c'est un motif mélodique simple "très à
l'aise et presque mièvre" soutenu par quelques accords expressifs,
qui s'oppose au caractère profondément lyrique de a2.
La reprise du scherzo n'apporte de modifications que dans les formules cadencielles
qui accompagnent a1.
Cette petite œuvre sans prétention a sans doute été composée pour Édouard Risler car la page de garde du manuscrit porte l'indication: " M. E. Risler, 55 rue de Seine - très pressé ".
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