Neuf mélodies sont éditées isolément : elles n'appartiennent à aucun volume ni recueil. Elles sont ici rassemblées pour une étude non comparative bien qu'elles aient de grandes similitudes quant à leur présentation.

1.  Généralités et Diffusion

Voici les neuf mélodies concernées :

I Aimons-nous !
         
II Naguère, au temps des églantines.
 
       
         
III Adieu
 
         
IV À une Étoile
 
         
V J'ai caché dans la Rose en Pleurs
 
       
VI Oh ! For the wings of a dove !  (Avoir des ailes de colombe)
 
         
VII Au pays musulman
   
         
VIII Dans l'Été
         
IX Danse, petite sirène
 

 

Chacune d'elles est imprimée sur grandes feuilles non brochées avec une première de couverture comportant, de façon générale, son titre, le nom du compositeur et les renseignements concernant la maison d'édition et une illustration qui lui est propre. En dernière de couverture se trouve un extrait du catalogue de mélodies disponibles de la maison d'édition concernée.

Voici le tableau réunissant les huit mélodies, rangées par ordre chronologique de date d'édition. Seule la maison Heugel a pu nous fournir le nombre d'exemplaires imprimés, ce qui nous permet de les classer.

 

Titre

Date d'édition

Éditeur

Référence

Rang

Aimons-nous !            

En 1891

A. Quinzard & Cie

Q. 52

-

Naguère, au temps des églantines.

26 février 1896

L'Illustration

-

-

Adieu

En 1899

Enoch & Cie           

E. 3 902

-

À une Étoile

15 mars 1901

Heugel & Cie

20 489

1er

J'ai caché dans la Rose en Pleurs.

En 1903

Librairie Hachette

L.H. 1497           

-

Oh ! For the wings of a dove ! Avoir des ailes de colombe )

En 1904

Heugel & Cie           

21 715

4e

Au pays musulman

En 1906

Heugel & Cie

22 990

2e

Dans l'Été

23 juillet 1908

Heugel & Cie

23 906

3e

Danse, petite sirène

13 janvier 1912

Heugel & Cie

25 478

-

a) Édition Heugel

De ces neuf mélodies, la maison Heugel en imprime cinq. Ce sont :

- À une Étoile
- Au pays musulman
- Oh ! For the wings of a dove ! (Avoir des ailes de colombe)
- Dans l'Été
- Danse, petite sirène

b) Librairie Hachette

La maison Hachette (79 boulevard Saint-Germain à Paris) n'a aucune information sur l'édition de J'ai caché dans la Rose en Pleurs. composée sur un poème d'Armand Silvestre et imprimée en 1903.  

Pour l'anecdote, apprenant qu'elle avait imprimé cette mélodie dont elle ne possédait aucun exemplaire, la maison m'a demandé de leur faire un jeu, en photocopie, de celle détenue à la Bibliothèque Nationale.

c) Édition Enoch

La maison Enoch n'a plus aucune information sur l'édition de Adieu. Sa date de composition peut être établie par rapport à la lettre n°165 de la Bibliothèque Nationale, datée du 09 octobre [1895] de Dieppe[1].

d) Édition Quinzard

Concernant la mélodie Aimons-nous, la maison d'édition Auguste Quinzard (du 24 rue des Capucines) a malheureusement disparu en 1901[2] et avec elle ses archives. Elle avait aussi édité la mélodie Offrande qui fut incluse plus tard dans le premier volume de vingt mélodies avec leur autorisation[3].

Elle a confié ces deux mélodies à l'éditeur Henri GREGH, du 95 rue Montmartre qui les imprime sous son nom[4] (cf. Chapitre 6. 2).

2. Présentation individuelle

Puisque nous regroupons ces huit mélodies, voici tout de suite l'ambitus général s'étend du si b 2 (J'ai caché dans la Rose en Pleurs.) au sol # 4 (Oh ! For the wings of a dove ! ).

Le choix des poètes reflète celui du compositeur précédemment présenté. Ainsi nous retrouvons Théodore de Banville , Catulle Mendès, Mary Robinson, Henri de Régnier et Maurice Magre.

Alfred de Musset (1810 /1857) est le seul auteur romantique choisi ; Stephan Bordèse ( ? /1919), Armand Silvestre (1837 /1901) et Marceline Desbordes-Valmore (1786 /1859) font partie de l'esthétique du Parnasse contemporain.

a) Aimons-nous !

Écrite sur un poème de Théodore de Banville cette petite pièce sans prétention, à la ligne mélodique très chantante, se compose de trois strophes quasi identiques mais qui se différencient par les subtilités rythmiques qui singularisent la prosodie, procédé cher au compositeur. Quelques envolées lyriques et un final fort bien venus mais… convenus. Cette petite pièce de cinq pages présente, en couverture, une illustration très fin de siècle, signée Barbuet: un tout petit canon, blotti dans des roses d'où surgissent des rubans qui portent les indications « Poésie de Th. de Banville » et « Musique de », crache un énorme nuage par de-là une fenêtre dont on devine le cadre en bas à gauche. Le titre en lettrines manuscrites se détache du nuage ; le nom du compositeur est placé en dessous du cadre, en caractères fantaisie.

  La tonalité générale est MI b ; l'ambitus va de 2 à mi b 3.

b) Naguère, au temps des églantines.

Composée sur un poème de Catulle Mendès, auteur que le compositeur connaît bien, cette pièce, relativement uniforme, à la ligne vocale sinueuse (sur un tempo Andantino ) suit de près un texte empli de mélancolie. Deux strophes séparées par un court mais significatif pont au piano nous laisse en suspens, juste après l'interrogation du poète :   Je pleurais sans savoir pourquoi . Cette partition est présentée en supplément musical au n°2765 du 02 février 1896 de L'Illustration qui en a toute l'exclusivité, comme cela est précisé en fin de page. La gravure signée A. GAMAS présente des. églantines et deux angelots au tambourin.

  La tonalité générale est en MI ; l'ambitus va de do # 2 à sol # 3.

c) Adieu

Mélodie épurée, bâtie sur un patern ïambique « brève-longue », elle garde une grande tenue. Trois couplets A - A' - A'' où le recto tono tient une place importante, contribuant au côté confident du texte. Le piano pose des accords ou bien dessine quelques motifs mélodiques. Elle finit en majeur, seule lueur de clarté dans ce discours poétique chargée de tristesse.

Elle est la dernière des douze mélodies d'un recueil intitulé Chansons de Page écrites par douze compositeurs différents : Büsser, Chaminade, Delmet, Dubois, Duvernoy, de Fontenailles, Ganne, Hahn, Lefebvre, Levadé, Maréchal et Puget. Le mot "page" fait référence au serviteur loyal du Moyen âge. Elles sont toutes composées sur des poèmes de Stéphan Bordèse.

Le compositeur, dans un courrier du 9 octobre [1895], espère qu'Adieu « terminée depuis quelques jours [.] agréera à M. Enoch et à Stéphane (sic) Bordèse »[5].

La première de couverture de ce gros recueil, signée Lucien Métivet, comporte deux images que l'on qualifierait « d'Épinal » pour leur style : l'une, en haut à gauche, représente une châtelaine assise et courbée vers un page agenouillé à ses pieds ; la seconde, en bas à droite, plus petite, est un cavalier tenant en main droite une épée dressée, sur un cheval empanaché ; au loin des tourelles d'un château fort.

Nous apprenons, grâce aux précisions placées sous les douze titres, que les mélodies sont disponibles en séparé (au prix de 5 francs) ; de même que Adieu, parmi d'autres, est éditée dans deux tonalités (pour voix grave et pour voix élevée).

La teneur musicale de cette pièce, malgré le déterminatif « chansons de page », nous autorise à placer cette petite œuvre dans notre catalogue de mélodies.

La tonalité générale est  en fa ; son ambitus va de mi b 2 à mi b 3.

d) À une Étoile

Sur le poème d'Alfred de Musset évoquant Vénus, l'étoile du soir, qui descend à l'horizon, inexorablement, le piano, en un ostinato, pose des accords qui s'élèvent dans l'aigu. Tout repose sur le chant aux formules bien carrées. Cette pièce adopte la forme Da Capo, où la 2e strophe, au caractère plus emporté, ne modifie en rien l'allure générale qui reste bien convenue. Une finale, pourtant, bien menée rompt ce discours trop rond.

Cette mélodie est la seule, parmi les cinq imprimées chez Heugel, à être offerte dans Le Journal Le Ménestrel, dans le n° 36 du 08 septembre 1901.

 

La couverture soignée représente un paysage de campagne : une large rivière est bordée d'immenses peupliers dont certains se reflètent dans les eaux calmes : « du manteau de la nuit tombe[6] » une seule étoile telle Vénus. Cette gravure dans les tons bleus foncés est signée H. Viollet; elle occupe de tout son long le côté gauche. En haut, entre des volutes Art nouveau, s'inscrit le titre ; plus bas le nom du poète, en lettres fines ; puis celui du compositeur en grosses lettrines. On précise après qu'il existe deux versions : l'une pour baryton (en MI), l'autre pour ténor (en SOL b, tonalité originale), au prix de 3 francs ; enfin les indications habituelles de la maison Heugel.

  La tonalité est de SOL b ; l'ambitus s'étale du la 1 au fa # 3.

e) J'ai caché dans la Rose en Pleurs.

Sur un sonnet signé Armand Silvestre, cette mélodie déroule, dans une forme que l'on peut considérer comme « libre », une ligne mélodique qui récite le texte, sans aucun rappel motivique, avec le 1e tercet qui paraît bien laborieux dans son harmonie comme dans son phrasé mélodique…. Seul élément qui semble souder l'ensemble est la formule initiale chantée reprise au piano entre les strophes 2 et 3 puis en guise de postlude.
La première de couverture est très simple : sur un fond blanc le titre, en haut, en caractères fantaisie (en noire) est borné sur sa gauche par un petit encart illustrant une rose à quatre pétales ; De longues et courbes lignes de style Art nouveau le rattachent à deux autres roses pour descendre encore plus bas à un petit motif stylisé floral. Le nom du poète apparaît à droite juste sous le titre, en caractères plus minces ; celui du compositeur à gauche de ces tiges. Tout en bas, bien centré, « Librairie Hachette & Cie ».

Cette gravure est signée ED.

La tonalité générale est MI b ; l'ambitus va de  si b 1 à mi b 3.

f) Oh ! For the wings of a dove !  (Avoir des ailes de colombe)

Sur une poésie de Mary Robinson (épouse Émile Duclaux) , une mélodie vigoureuse, agitée ( appasionato ) s'emporte dans des envolées lyriques très modulantes. Un piano très véhément adhère à cette véhémence. La forme strophique décline le sens du texte. Et la 3e strophe plane dans l'air surrounding the stars . Et l'agogie rythmique du postlude sur la reprise de la tête du thème chanté apaise l'ensemble. L'illustration de la partition a une présentation extrêmement sobre : tout est dans les lettres « ombrées » du titre (en anglais) qui barrent toute la page, en grosse taille. Au dessus, en léger décalé vers la droite la dédicace « To Mrs Carl Meyer », et en dessous « Words by Mary Robinson » ; il est précisé entre parenthèses « Mme Émile Duclaux ». Signalons une erreur typographique : le « l » de Émile est un " t" (Émite). Enfin « music by Reynaldo Hahn ».

Nous l'aurons observé : tout est écrit en anglais ; ainsi il est aussi précisé « London. Sold at the principal Music publishers. »[7]. La maison Heugel laisse sa griffe, et ajoute « Éditeurs-propriétaires pour tous pays » (en français)

La dédicataire, Madame Carl Meyer, qui chante bien[8], est une des cousines de Reynaldo Hahn, de Londres, chez qui il séjourne souvent.

La tonalité générale est FA # ; l'ambitus va de fa # 2 à sol # 3[9].

En Annexe VII - 5, se trouve le poème anglais (dans sa ponctuation d'origine), l'adaptation française et une proposition de traduction.

g) Au pays musulman

Sur des paroles d'Henri de Régnier, c'est une lente cantillation méditative qui miroite des reflets d'un Orient revisité, nourri par son séjour à Constantinople. Reynaldo Hahn la chantait volontiers en public où il montrait tout son talent d’interprète. Tout repose sur cette exceptionnelle qualité dans la diction qui ici est grandement maîtrisée. Simplement soutenu par des accords posés, en un ostinato strict, cette mélodie reste remarquable. Une structure générale « libre » conforte son aspect languissant et lancinant.

Très jolie jaquette signée ED : sur le côté gauche de longues et étroites formes de cyprès et de pins parasols se détachent d'une eau calme ; un ponton avec un caïque. Et « sur la Corne d'Or par la nuit étoilée[10] » au fond, tel un mirage, le dôme d'une mosquée flanquée de minarets qui se dressent dans un ciel de nuit étoilée : c'est Stamboul[11] dont on parle dans le poème ! Tout ce paysage est serti par un cadre Art nouveau, aux ligues souples qui s'enroulent telle une conque au bas de l'image. Le titre et le nom des auteurs se détachent en sombre. Le tout est dans les tons bleutés.

Les paroles sont d'Henri de Régnier (1866 - 1934), auteur littéraire très apprécié de ses pairs, époux de la fille de José-Maria de Hérédia, poète bien connu. Il fréquente grand nombre de salons parisiens comme nous le révèlent ses écrits. C'est ainsi qu'il rencontre et sympathise avec Reynaldo Hahn à Venise[12]. N'écrit-il pas de lui :

.Reynaldo, vous chantez, cigarette à la bouche,
Des airs vénitiens langoureux et troublants.
Viennent pour vous entendre aux vitres de l'hôtel,
Moras, Lauzun, Biron et Madame du Maine.

De même, voici ce qu'écrit notre compositeur :

Dans le salon de yacht, m'accompagnant sur un bon petit piano, j'ai chanté, pour Régnier, Le Pays musulman : effet accoutumé [13]. Et plus loin : Le Pays musulman est compris, goûté pas ces gens qui, bon gré, mal gré, ont été si longtemps mêlés aux Turcs. [14].

La tonalité générale est FA ; l'ambitus va de do 2 à sol 3.

h) Dans l'Été

Cette mélodie adopte une allure très « romance », comme Aimons-nous, mais moins évidente par certaines tournures mélodique très contournées. Très chantante, avec un piano fluide et allant, les chutes poétiques sont bien signifiées ; Le piano égrène, en ostinato, un furtif motif et chante lors un pont entre les 2e et 3e parties de façon très lyrique.

Sur la première de couverture, signée ED, des fruits tout en bas (poires, pêches, melons, citrouilles.) d'où s'élèvent, de part et d'autre de l'encart avec le titre et noms des auteurs et éditeur, des fins troncs d'arbre stylisé, d'entre lesquels on perçoit des frondaisons floutées. Le prix est de « 1 fr 15 ».

L'auteur du poème est Marceline Desbordes-Valmore (1786 -1859), femme poète dans la mouvance du Parnasse contemporain. Nombreux de ces poèmes ont été mis en musique par les musiciens comme Denza.

La dédicace s'adresse « À Madame Jean de Reszké  » : de son nom de jeune fille Marie de Goulaine[15] elle est l'épouse de Jean de Reszké, (1850 - 1925) considéré comme le plus grand ténor de son temps[16]. Elle possède une voix qui, aux dires de notre compositeur, est « imprégnée de mystère, [.] une émanation magique, un arôme enivrant »[17]. De même lors d'une soirée à Paris, chez les La Redorte, il nous confie : « Puis musique, au hasard du caprice. Mme de Reszké admirable comme toujours »[18].

La tonalité générale est ré ; l'ambitus va do # 2 à fa # 3.

i) Danse, petite sirène

Par son écriture simple et dépouillée elle se rapproche de beaucoup à Chanson au bord de la fontaine du 2e volume (Voir ci-dessous). Trois strophes quasi identiques dont la 2e s'éclaircit d'une jolie modulation (sont les vaisseaux). Un accompagnement tranquille à l'ostinato arpégé qui rappellerait les vagues scintillantes de la mer sous la lune d'argent

Éditée en séparé, réf. Heugel 25 478. Une « photo » d'une tête de statue (d'une gorgone ?) portant un chapeau dont les rubans viennent se nouer sous le menton, et avec de part et d'autre une guirlande de feuilles « patate douce » qui cadre l'ensemble ; il est précisé « Deux Chansons » avec la n° 2 à « 1,75 fr » (la n° 1 étant Chanson au bord d'une fontaine, incluse dans le second volume).

Elle est extraite du mélodrame Méduse (N° 18 à l'acte III) où elle est chantée par le personnage d'une gorgone avec un accompagnement chœur de sopranos (à deux voix, en bouche fermée) et orchestre. Cette « Chanson » proposée « avec chœur de femmes ad lib. » est offerte dans le n°2 du journal Le Ménestrel daté du 13 janvier 1912 pour voix soliste et accompagnement piano. Le compositeur ne l'a pas incluse dans l'un des deux volumes à la différence de Chanson au bord de la fontaine.

La tonalité générale est fa b ; L'ambitus va de mi b 2 à mi b 3.

Complément des mélodies isolées – février 2020

•   Le marchand de marrons
Poème de Paul Collin

Première chanson d'un fascicule au grand nombre de chansons dont l'auteur est Paul Collin (1843/1910), poète et surtout librettiste de nombreuses œuvres lyriques (de Fauré, Massenet, Pierné, Franck…). Cette courte pièce, qui répond à une commande, est proposée en supplément de L' Illustration pour les fêtes de Noël 1899. Elle loue le retour du marchand de marrons (grillés) aux coins de nos rues pour adoucir les rigueurs de l'hiver. Aussi, cette mélodie veut adopter l'apparence d'une chanson enfantine, par son tempo allant et son motif initial vocal joyeux. La structure générale ABA regroupe six strophes (1-3/4/5-6) qui se ressemblent mais sans jamais être identiques. Car Reynaldo Hahn, toujours soucieux d'une prosodie proche du sens des paroles, décline quelques subtilités qui rendent la dite chanson plus délicate, évitant tout reprise facile. Après la 4e strophe la plus ouvragée (pour signifier l'hiver morose), le retour du motif principal clairement énoncé (Nous sommes jeunes) renforce ce côté populaire. De même, l'accompagnement, aux tierces heureuses (main droite), en mouvements conjoints, reste humble, laissant toute sa place au chant.

 La tonalité générale est en SOL ; l'ambitus va de 2 et fa# 4.

•   Vocalise-étude (Souvenir de Constantinople)

Autre œuvre de commande (à laquelle ont répondu Maurice Ravel, Vincent d'Indy, Paul Dukas, Gabriel Fauré, Charles Kœchlin, entre autres) qui appartient au deuxième volume des Vocalises-Études publiées sous la direction de A. L. Hettich, professeur de chant du Conservatoire (rue de Madrid, à Paris), et édité par A. Leduc en 1907. Cette vocalise porte en sous-titre Souvenirs de Constantinople  : le compositeur y séjourna l'année précédente, au printemps 1906. Et, conforme à cette information, elle flirte avec des couleurs orientalisantes par ses mélismes vocaux, ses modes antiquisants, ses syncopes au piano, illustrant une certaine vision musicale de la musique arabe en ce tournant du XXe. C'est une longue phrase en trois parties. Les deux extrêmes (Andante) déroule au chant des gammes modales avec des passages rythmiquement plus ciselés. La partie centrale, plus rapide (Allegretto), adopte clairement un caractère plus léger, plus dansant. Une pédale de 5te à vide, parfois de 11 e (sol - - la), tel un bourdon, renforce l'aspect populaire. Elle met à l'épreuve le souffle, les subtilités rythmiques et solfégiques.

La tonalité générale est peu signifiante tant les modes antiquisants (sur ) sont mis en jeu. L'ambitus est compris entre la # 1 et sol 4, pour voix grave, comme le précise la partition.

 

Sylvain Paul Labartette

 

 



[1] On pourra la mettre en parallèle avec la note n°1, p. 48 de la lettre XXXI note, in Lettres de Marcel Proust à Reynaldo Hahn, Philippe Kolb, Paris, Gallimard, 1956.

[2] Cf. Dictionnaire des Éditeurs français, Anik Devriès, François Lesure, volume 2, Genève, Ed. Minkoff, 1988.

[3] Cf. la petite note en bas, p. 33 du volume.

[4] Un exemplaire présenté ainsi est déposé à la Bibliothèque de l'Opéra Garnier (Réf. clé de sol 4701 (15)).

[5] In Volume 48-165, Lettres autographes de Reynaldo Hahn, BnF - Mus., n°165.

[6] Texte aux mesures 5 /6.

[7] Que l'on pourrait traduire par « Londres. Disponible dans les grands magasins de musique ».

[8] Cf. la lettre autographe 151 /152 déposée à la Bibliothèque de l'Opéra de Paris.

[9] Ici, nous indiquons l'ambitus pour voix de femme : les paroles, d'une femme poète qui plus est, et la dédicataire qui « chante bien » nous le demande.

[10] Paroles des mesures 20 /21.

[11] À la mesure 45.

[12] Cf. Henri de Régnier, Cahiers inédits 1887 - 1936, Paris, Pygmalion/Gérard Watelet, 2002.

[13] Cf. Reynaldo Hahn, Notes, journal d'un musicien, p. 190.

[14] Cf. Reynaldo Hahn, Notes, journal d'un musicien, p. 225.

[15] Cf. Reynaldo Hahn, Thèmes variés, p. 250.

[16] Cf. Grosses Sängerlexikon, Kutsch & Riemens, Bern, A.Francke AG Verlag, 1987.

[17] Cf. Reynaldo Hahn, Thèmes variés, p. 250.

[18] Cf. Reynaldo Hahn, Notes, journal d'un musicien, p. 203.

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