Le recueil est imprimé le 22 juin 1900 chez Heugel et Cie, sous la référence H. 20 174 à 20 183

Voici les dix mélodies réunies dans ce recueil :

I Lydie (ténor solo & chœur)
       
                           
II Néère
   
                           
III Salinum
       
                           
IV Thaliarque (chœur)
       
                           
V Lydé
                         
                           
VI Vile potabis
       
                           
VII Tyndaris
     
                 
                           
VIII Pholoé
   
                           
IX À Phidylé (basse solo & chœur) [piano à quatre mains]
       
                           
X Phyllis
     
                 

 

1. Présentation matérielle

Le recueil particulièrement soigné est d'un grand format (24,3 x 32), broché, de 56 pages numérotées. Le papier est légèrement teinté en ocre, ce qui confère un côté "ancien", rappelant le parchemin.

a)  La première de couverture

Pour la conception de cette première de couverture, il nous est parvenu un courrier de Reynaldo Hahn adressé à M. Heugel, son éditeur, et détenu par Heugel et Cie[1]. On y lit :

Cher Monsieur Heugel

Par le même courrier vous recevrez ce que Madrazo a fait pour les Études Latines. Je trouve cela charmant et c'est copié d'un bas-relief de la belle époque Romaine. C'est sur papier lithographique et afin que cela ne fasse pas de difficultés de reproduction. [.]

Je vous laisse absolument libre de la disposition du titre ; soit que nous fassions ainsi [petit croquis] ou bien ainsi : [autre petit croquis] mais il me semble qu'il vaut mieux de toutes façons ne pas mettre Reynaldo Hahn car alors, il faudrait mettre Leconte de Lisle etc. et cela encombrerait beaucoup cette page qui gagne, je crois, à être simple. Il faut aussi que l' U d'Études soit un u romain V. Je pense que vous êtes de mon avis.

[.]

Bien affectueusement à vous.

Reynaldo

Cette première de couverture est illustrée d'une frise horizontale, légèrement incomplète sur son côté droit, comme ébréchée, rappelant celle des bas-reliefs des tombeaux antiques ; longues et étroites, deux branches feuillues (peut-être du lierre) s'étalent de façon équilibrée en partant du milieu. En gros caractères « ÉTVDES LATINES » (avec notre « u » en « V » comme le désirait Reynaldo Hahn) est placé au centre de la page, alors que le nom du compositeur est situé en bas à droite. Cette gravure est signée P. Borie.

b)  La première page de garde

Dans les tons sépia une longue guirlande florale s'inscrit dans un cadre de pierre, quelque peu ébréché à certains endroits, et longe le côté gauche pour se détourner en haut vers l'intérieur : elle sertit ainsi le titre Études latines. Il est précisé un peu plus bas « sur des Poésies de Leconte de Lisle » puis « musique de Reynaldo Hahn ». À l'angle en bas à droite se trouvent le prix net du recueil (« 5 fr ») et le nom de l'éditeur avec son adresse.

Toute cette gravure rappelle aisément le bas-relief antique d'un piédestal qu'un artiste aurait pu croquer lors d'une fouille archéologique. Le rapprochement avec la teneur "antique" des poèmes de Leconte de Lisle, s'inspirant des Odes d'Horace, de même que le côté archaïsant de certaines des musiques du compositeur est autorisé.

c)  La deuxième page de garde

Elle présente la table avec les titres des mélodies, chacune étant précédée de son rang en chiffre. romain ! Le tout est encadré d'une vignette au motif de lierre, dans le style Art nouveau. L'encre utilisée, d'un bleu gris, adoucit la présentation générale.

Remarquons que le neuvième numéro est indiqué sous le titre À Phidylé alors qu'en p. 42, le titre précise uniquement Phidylé.

Ce recueil, actuellement disponible, a subi au demeurant quelques modifications : la teinte du papier est celle d'un blanc ordinaire, l'encre bleue devenue noire.

2. Diffusion

Le recueil est imprimé le 22 juin 1900 et connaît plusieurs éditions : il est diffusé à un très grand nombre d'exemplaires. Pour l'ensemble de la production de Reynaldo Hahn, c'est une importante impression dont bénéfice ce recueil.

Voici le classement d'exemplaires tirés (1900 /1989) :

Études latines

Rang

I       Lydie (ténor solo & chœur)

9e

II      Néère

2e

III     Salinum

6e

IV    Thaliarque (chœur)

8e

V      Lydé

5e

VI    Vile potabis

10e

VII   Tyndaris

1er

VIII  Pholoé

4e

IX     À Phidylé (basse solo & chœur)

7e

X      Phyllis

3e

 

Il nous faudrait ajouter les tirages dont ont bénéficié, à titre publicitaire, les mélodies suivantes qui furent offertes dans Le Journal Le Ménestrel :

-           Néère dans le n° 26 du 1er juillet 1900 :


-           Salinum dans le n° 30 du 29 juillet 1900 :


-           Pholoé dans le n° 34 du 26 août 1900 :


-           Tyndaris dans le n° 44 du 4 novembre 1900 :

De même il faudrait rajouter, pour À Phidylé, le nombre de tirage du premier volume[2], qui se monterait alors à un extraordinaire tirage.

Chacune des dix mélodies a été éditée en séparé sous la référence H. 20 174 à 20 183. La gravure de leur première page est toujours signée P. Borie : un riche décor de pied-droits, d'architrave et de seuil d'une porte d'entrée rappelant ceux se trouvant sur les murs pompéiens : rinceaux floraux, encadrés aux petits motifs animaliers (cygnes, dauphins, tritons) et floraux. Le titre de chacune d'elles y est reproduit, accompagné de son tarif correspondant : la n° 1 est à 7fr 50, la n° 2 est à 4fr, la n°3 à 3fr, la n°4 à 7fr 50, la n°5 à 4fr, la n° 6 à 3fr, la n°7 à 4fr, la n°8 à 3fr, la n°9 à 6fr et enfin la n°10 à 4fr.

Signalons aussi que À Phidylé existe, en séparé sous deux versions : le n°1 dans notre version originale, la n°2 en version pour voix seule et piano à deux (2) mains (à 4 fr).

Le recueil était aussi édité aux États-Unis par Recital Publications of Huntsville, Texas (comme les Chansons grises, les Feuilles blessées et Venezia).

3- Présentation des dédicataires

Voici les dédicataires pour chaque mélodie :

I    Lydie (ténor /chœur)

à M. Massenet

II   Néère

à Frédéric de Madrazo     

III  Salinum

à Marie-Louise Nordlinger

IV  Thaliarque (chœur)

à Monsieur Gabriel Fauré

V   Lydé

à Madame Jeanne Tripier - Gouzien

VII Tyndaris

à Madame la Comtesse de Guerne, née Ségur 

IX  À Phidylé (basse solo / chœur)

à mon ami  Marcel Proust

 

Frédéric de Madrazo dit « Coco » et Marie-Louise Nordlinger sont des proches parents et amis du compositeur ; Mme Tripier - Gouzien est une amie musicienne de longue date ;  la Comtesse de Guerne est célèbre pour son salon musical où il évolue ; MM. Jules Massenet et Gabriel Fauré, compositeurs qu'on ne présente plus, sont des amis proches de Reynaldo Hahn. Reste Marcel Proust qui, durant la période de composition de la mélodie, est l'amant du compositeur.

4. Présentation poétique et musicale

Il réunit dix poèmes du même poète, Leconte de Lisle (1818 /1894) : une unité certaine est présente par ce choix. D'ailleurs, Reynaldo Hahn choisit aussi d'emprunter le titre d'Études latines au groupement de poèmes dont il les a extraits. Ce recueil de poèmes fait partie des Poèmes Antiques, publié en 1852. Leconte de Lisle, brillant helléniste[3], publie en 1873 une traduction des œuvres d'HORACE qui sont les sources des pièces des Études latines.

Au-delà de cette cohérence poétique, ce cycle comporte, musicalement, une singularité : trois pièces sont composées pour solo et chœur :

-           La n° 1, Lydie pour ténor solo et chœur ;
-           La n° 4, Thaliarque pour chœur à 2 voix et soli ;
-           La n° 9, À Phidylé pour solo de basse et chœur.

Ces trois pièces sont réparties de façon équilibrée, en première, quatrième et neuvième positions sur les dix numéros qui composent ce recueil. Cela organise harmonieusement l'ensemble du recueil. Ce cycle de mélodies, par la présence de pièces faisant appel à un chœur, nous rappelle celui des Rondels.

La dernière mélodie, Phyllis, par son allure d'une marche implacable, sans fin, toujours progressant vers le haut[4], chante les amours enfin atteintes en fin d'une vie remplie d'une longue attente[5] :

C'est toi qui fleuriras en mes derniers beaux jours :
Je ne changerai plus, voici la saison mûre.
Chante ! les vers sont doux quand ta voix les murmure,
O belle fin de mes amours !

On peut y voir une généreuse conclusion poétique, et musicale, dans ce long cycle où les divers états d'âme amoureux sont subtilement traversés. C'est aussi chronologiquement la dernière à avoir été composée (en 1900).

L'ambitus vocal pour l'ensemble des mélodies pour soliste s'étend du si b 1 (Lydé et Phyllis) au sol 3 (Lydie) : elles s'adresseraient donc à une voix de ténor ou de soprano[6].

En vérité, l'ensemble des mélodies fait appel à divers types de voix : pour baryton ou mezzo-soprano (Néère et Lydé par exemple), ténor et soprano (dans Tyndaris). La présence même de pièces pour soli avec chœurs démontre que la variété est attendue pour son exécution intégrale.

On pourrait même se demander si tout ce recueil ne pourrait pas être interprété dans son intégralité par l'un des membres de ce chœur, ou bien que chacun des solistes sollicités pour ces mélodies ne se joigne aux autres afin d'exécuter les trois pièces écrites avec chœur.

 

 

Sylvain Paul Labartette

 

 

partition disponible à la vente chez Leduc : HE 20174

 

 

L'œuvre dans la presse :

 

S.I.M. (15 janvier 1908)

 

 

 

 

Le Figaro (29 avril 1908)

 

 

 


Le Ménestrel (27 juin 1908)




 

 

Le Ménestrel (16 juin 1922)

 

 

 

Le Ménestrel (4 novembre 1922)

 

 

 

Le Ménestrel (8 février 1929)

 

 

 

Le Ménestrel (16 janvier 1931)

 

 

 


 

[1] Un fac-similé est publié aux plages 10 A et 10 B du livre de Daniel BENDAHAN, Reynaldo Hahn, su vida y su obra.

[2] Cf. Chapitre 4.

[3] Sa traduction de L'Iliade date de 1850 et celle de L'Odyssée de 1868, éditées chez A. Lemerre, Paris.

[4] Qui n'est pas sans nous rappeler le caractère de la dernière mélodie des Rondels.

[5] Paroles des mesures 33 à 44.

[6] C'est la soprano Jane BATHORI qui aurait créé ce cycle (cf. SPURGEON, Debra Lea, A study of the solo vocal works of Reynaldo Hahn with analysis of selected melodies ( D.M.A), University of Oklahoma, Oklahoma City, États Unis, 1988, p. 38).

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