Il est peut-être déplacé de parler de « recueil » alors qu'il ne réunit que trois mélodies. Cependant cette présentation groupée a le mérite de répondre à un ensemble cohérent, autant sur le plan poétique qu'esthétique.Il est imprimé le 14 janvier 1904 sous la référence Heugel 21 712.

Les trois mélodies sont :

I Ah ! Could I clasp thee in mine arms !   (Te serrer dans mes bras !)
         
II The fallen oak (Le chêne mort)
         
III I know you love me not (Non, vous ne m'aimez pas)

 

1. Présentation matérielle

  Son format est de 21,7 x 31, agrafé ; il se compose de huit pages numérotées.

a)  La première de couverture

Elle est illustrée d'une énorme fleur, une rose, centrée en haute de la page, d'où s'échappent de part et d'autre de larges feuilles, formant ainsi, avec des lignes courbes qui les prolongent, dans le plus parfait style Art nouveau, un immense portique où sont enserrés les titres des trois mélodies en français. Le titre du recueil, en français, est placé au-dessus, en grands caractères gras, alors que sa traduction en anglais est en caractères plus petits, plus fins, juste en dessous.

Une note précise que chaque numéro coûte en séparé 1 franc net et mentionne la présence d'un « double texte anglais et français ».

Au bas de la couverture est inscrit le nom du compositeur, en petites capitales ; plus bas encore les références de l'éditeur et les recommandations des copyrights habituelles.

Cette présentation est signée ED .

Il n'y a ni page de garde, ni de table.   

2. Diffusion

Ce recueil est imprimé à un tout petit nombre d'exemplaires, ce qui représente un tirage très confidentiel.

Voici le classement d'exemplaires tirés (1904 /1989) :

Amour sans ailes Love without wings

Rang

Ah ! Could I clasp thee in mine arms ! (Te serrer dans mes bras !)

2e ex æquo

The fallen oak (Le chêne mort)

2e ex æquo

I know you love me not (Non, vous ne m'aimez pas)

1er

Chacune des mélodies est imprimée en séparé, jusqu'en 1913 pour la première, en 1914 pour la deuxième et en 1921 pour la troisième.

3- Présentation des dédicataires

La première des mélodies est dédicacée en anglais par la formule « To *** ». Aucune information, en l'état des informations disponibles, nous permettent de définir ces ***.

 

4. Présentation poétique et musicale

L'auteur des textes est une femme poète, Mary Robinson  (ex-Miss James Darmesteter , épouse d'Émile Duclaux en 1901, directeur de l'Institut Pasteur) . Lettrée, elle contribue, entre autres, au rayonnement de la littérature française de cette fin de siècle dans son pays, l'Angleterre. Esthétiquement elle s'inscrit dans le courant littéraire symboliste [1] .

Reynaldo Hahn regrette de ne pas l'avoir rencontrée en décembre 1893 [2] . Il compose la même année (1904) une quatrième mélodie sur un texte de cette même femme poète : c'est Oh ! For the wings of a dove !  (Avoir des ailes de colombe ) (cf. les mélodies isolées)  

Le double texte promis (français / anglais) en première page de couverture, n'apparaît pas : seules les paroles en anglais sont proposées dans la partition. Il apparaît seulement dans l'édition datée de 1911[3], mais ne précisant pas qui en est l'auteur. Il est reproduit en Annexe VII - 2.

De même, on pourra signaler que les titres transcrits en français sur la couverture, sont en anglais, sans traduction, au début de chacune des mélodies. On peut cependant penser que la traduction française des titres, en première page de couverture, est déjà une adaptation des paroles anglaises. En effet, loin de traduire mot à mot le texte, elles sont vocalement adaptées.

 
Cet album, d'une couleur musicale très impressionniste, intimiste, empli d'incertitude, soutenue par des harmonies terriblement indécises, par l'utilisation d'une diction quasi parlando, sinon recto tono, illustre parfaitement ces textes d'une tristesse accablante : c'est d'un amour sans espoir dont on parle, sans ces ailes (without wings) qui le ferait un peu planer à défaut de voler.

Si l'ambitus s'étend du si 1 au le mi 3, si nous tenons compte des informations ci-dessus, on peut songer que l'interprétation se prêterait mieux à une voix féminine. La tessiture, au regard du registre médium de l'ensemble du recueil, de la gravité des poèmes, nous invite à penser qu'il est parfaitement approprié au timbre du mezzo-soprano.

En Annexe VII - 2, se trouvent les trois poèmes anglais (dans leur ponctuation d'origine), leur adaptation française (dont l'auteur est inconnu, rappelons-le) et une proposition de traduction qui tient compte du fait signalé ci-dessus.

 

Sylvain Paul Labartette



[1] Cf. la préface signée par James Darmesteter, in Poèsie de Mary Robinson, traduites de l'anglais par James Darmesteter, Paris, A. Lemerre, 1888.

[2] Cf. dans les Divers papiers, Rés. 2149 à la Bibliothèque de l'Opéra Garnier.

[3] Un exemplaire est déposé à la Bibliothèque de l'Opéra Garnier (Réf.  clé de sol  4701 (19) ).

Loading
 

Loading
 

 Analyse d'audience

Creative Commons License
This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported License