Marcel Proust
Lettres à Reynaldo Hahn

I - 289

[1895]1

Mon cher petit,

J'accepte tout puisque c'est pour vous le rendre, et cette partie de ma vie intérieure que je vous donne - et qu'avant de vous la donner je vous devais - si je puis croire qu'elle vaut quelque chose, je me réjouis deux fois. Je voudrais être maître de tout ce que vous pouvez désirer sur la terre pour pouvoir vous l'apporter - auteur de tout ce que vous admirez dans l'art pour pouvoir vous le dédier. Je commence petitement ! mais enfin si vous m'encouragez... Je crois pouvoir par ce que vous me dites télégraphier à Madame Lemaire pour dimanche déjeuner. Mais elle ne pourra sans doute pas. Je viendrai peu probablement ce matin mais sans doute à 1 heure et demie.

Votre.

MARCEL.

 

1. Hahn 33-34 (n° XIII). II semble être question dans ce billet d'une dédicace, vraisemblablement celle de La Mort de Baldassare Silvande, laquelle devait paraître dans la Revue hebdomadaire du 29 octobre 1895, avec la dédicace : A Reynaldo Hahhn, poète, chanteur et musicien.