Marcel Proust
Lettres à Reynaldo Hahn
[Le
lundi matin 28? mai 1906] 1
Cher
Guncht
Je
suis rébulé. Et vous pouvez venir maintenant. Seulement vers six heures et demie
(je ne peux pas dire au juste, peut'être six heures) je fumserai et alors pendant
une demie heure trois quarts d'heure ma porte sera fermée. Et ce soir toute
la soirée - Vous ne connaissez pas chez Petit M. Jacques Copeau 2 l'ami intime
d'Antoine B. 3 Car je vois que Moreau était encore ouvert aujourd'hui 4. Et
alors ils me laisseront peut'être venir ce soir vers neuf heures et demie.
[SANS
SIGNATURE]
2.
Jacques Copeau (1879-1949), le futur fondateur du théâtre du Vieux-Colombier,
était un employé de la galerie Georges Petit depuis le mois d'août 1905. (R.D.M.,
avril 1975, p. 51, note 3.)
3.
On sait qu'Antoine Bibesco et Jacques Copeau se connaissaient depuis l'époque
où ils furent élèves au lycée Condorcet. A l'époque où Proust cherchera un éditeur
pour A la recherche du temps perdu, ce sera par l'intermédiaire d'Antoine Bibesco
qu'il soumettra son œuvre à la Nouvelle Revue Française. Copeau étant alors
directeur de la revue de ce nom, ce sera avec Gaston Gallimard que Proust entrera
en correspondance à ce sujet.
4.
Le lundi 28 mai 1906 fut le dernier jour de l'exposition Gustave Moreau. Le
Figaro de ce même jour-là annonce pour le lendemain l'ouverture d'une nouvelle
exposition à la galerie Georges Petit. Cf. la note 7 de la lettre à Montesquiou
datée du samedi soir 26 mai 1906 ci-dessus.