Marcel Proust
Lettres à Reynaldo Hahn
[Le jeudi matin 1er juin 1911]1
Je te souhaite beaucoup de chanter bien et de ne pas avoir peur, mon petit Bunibuls, et de rencontrer beaucoup de succès.
Par suite des moschancetés de ma santé j'ai fallu me lever hier, et je voulais recommencer pour t'écouter. Mais il est neuf heures du matin et je n'ai pas encore pu commencer à deshabiller ni à fumer. Et je n'ai pas dormi depuis plus de 50 heures. Alors si je suis couché vers midi je crois que je serai trop malade pour aller Gaîté mais je penserai beaucoup et je te donne mon petit viatique pour tes trois mélodies 2 trois bonjours avant et trois après. Chante genstiment mon vieux Buncht [.] 3
2. Il s'agit d'une matinée de gala qu'on donna, le jeudi après-midi 1er juin 1911, au théâtre lyrique de la Gaîté, au bénéfice des Caisses de retraite et de secours des associations de courriéristes et des secrétaires de théâtre. Parmi d'autres artistes, Reynaldo Hahn, accompagné d'Edouard Risler, y chanta trois de ses mélodies: Au pays musulman, le Cimetière de campagne, et Offrande. Cf. Le Figaro, 1er et 2 juin 1911.
3. La signature semble manquer.