AVANT-PROPOS

Le nom de Sarah Bernhardt est associé à mes plus lointains souvenirs. Mes parents professaient pour elle une admiration passionnée et j'avais six ou sept ans quand ils me menèrent pour la première fois la voir jouer.
Ce fut un véritable coup de foudre; mon imagination d'enfant et sans doute déjà d'artiste en demeura éblouie. Bien des années plus tard, je fus présenté à Sarah et l'affection confiante dont, par la suite, elle daigna m'honorer est une des plus grandes fiertés de ma vie.Jusqu'à ses derniers jours, j'eus la joie de la fréquenter assidûment et le privilège de pouvoir l'observer sous les aspects multiples et divers de sa prodigieuse et inégalable personnalité. Aussi me suis-je bien souvent reproché de n'avoir écrit sur elle que les quelques pages qui suivent. Que de choses belles, charmantes et amusantes j'eusse pu relater! J'ai pourtant un semblant d'excuse dans la difficulté qu'il y aurait eu à capter, à fixer d'une manière exacte la plupart de ces "minutes profondes " composées de tant d'éléments divers et qui, parfois, me donnaient envie de m'écrier comme Goethe : "0 moment, arrête-toi, tu es si beau ! "Les notes qu'on va lire, hâtives et indignes de celle qui en fait l'objet, je les lui montrai. Elle voulut bien m'écrire qu'elle s'y trouvait ressemblante. Et même elle ajoutait: " Grâce à votre journal et au sonnet de Rostand, je pourrai m'installer confortablement pour le grand voyage.... " C'est parce qu'elle m'a écrit cela que je crois pouvoir, - que je crois devoir livrer ces souvenirs au public.

R. H.

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