C'est
la première œuvre pour cette formation qui ait été éditée, les "Variations sur un thème de Levadé" qui datent de 1892 sont en effet restées à l'état de manuscrit.
La dédicataire, Augusta Holmès (1847-1903). élève de Franck,
irlandaise de Paris, connut une grande vogue pendant les années 90 plus pour
ses mélodies, appréciées dans les salons, que pour certaines œuvres ambitieuses
comme "La Montagne noire" qui n'obtint aucun succès à l'Opéra en 1895.
Dans
la première partie de son "Journal d'un musicien" Reynaldo raconte que Saint-Saëns,
auquel il avait présenté ses Préludes à 4 mains l'avait encouragé à travailler. [1]
Il est intéressant de noter que l'œuvre intitulée "Deux
improvisations sur des airs irlandais pour violoncelle et piano"
qui parut en 1911 n'est en fait que la transcription des premier et troisième
préludes de 1894.
A quoi attribuer cette réutilisation de l'œuvre ancienne ? un intérêt profond
ou un besoin d'argent impérieux ? Je pencherais plutôt vers la seconde hypothèse,
car il faut se souvenir qu'à cette époque la vogue des transcriptions était
encore très grande qui mettait à la portée de tous les amateurs, violoncelliste,
mandoliniste ou autres, les œuvres à la mode; le bénéfice qu'en tiraient les
compositeurs était loin d'être négligeable.
1- The little red lark (le petit bouvreuil)
Il faut remarquer la simplicité et la grâce avec lesquelles Reynaldo a traité ces thèmes populaires; on retrouvera, plus tard, ces mêmes caractéristiques dans les six recueils de "La Nursery" d'Inghelbrecht.
Ce
premier prélude, tout comme le second, suit la forme lied ABA; Reynaldo
respecte les carrures classiques par quatre mesures caractéristiques de la chanson
populaire.
La partie centrale module très légèrement au ton de la dominante; le seconda
superpose un contre-chant délicat à la mélodie du prima.
2-
My love's an arbutus
Cette seconde pièce qui présente les mêmes caractéristiques que la première
offre dans sa partie centrale une importante succession de modulations expressives.
(partition de la chanson irlandaise My love's an arbutus arrangée par Charles Villiers Stanford ici)
Il
s'agit ici d'une simple harmonisation du chant irlandais, la première fois en
accords, sous forme de choral (harmonie claire sans modulations), la seconde
fois avec un accompagnement d'arpèges délicatement modulants (AA').
(1) Reynaldo Hahn : Notes (Journal d'un musicien) p.20, 21 et 25
: enregistré par le duo Sans-Palacios durant le concert du 5 octobre 2002 au Festival Reynaldo Hahn à Caracas
Loading
|
This work is licensed under a Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 Unported License.