Invitation à la valse
    1- Valse n°1 
    2- Valse n°2 
    3- Valse n°3 "Ninette" 
    4- Valse n°4 "Valse noble" 
    5- Valse n°5 
    6- Valse n°6 
  7- Valse n°7 "Berceau"
  8- Valse n°8 
  9- Valse n°9 "La Feuille" 
  10-
      Valse n°10 
Quinze ans ont passé; Reynaldo est à présent le jeune dandy fêté dans les salons; son éditeur, Monsieur Heugel, offre aux lecteurs du "Ménestrel" plusieurs de ces valses qui paraîtront dans les suppléments d'octobre et novembre 1898.
Le 
  recueil se compose de dix valses précédées d'une "Invitation à la valse ". 
  On peut le rapprocher d'une œuvre de  Léon Delafosse (pianiste-compositeur 
  qui connut une vague immense dans les années 1890-1910 et qui servit de modèle 
  au  Charlie Morel de la "Recherche du temps perdu ", les  12 Valses-Préludes de 1895; la huitième de ces pièces "En cueillant des fleurs" était d'ailleurs 
  dédiée "à M. Reynaldo Hahn".   
La 
  plupart de ces valses ont été écrites pour des pianistes amis du compositeur; 
  les deux premières sont par exemple dédiées à  
  Joseph Morpain qui avait obtenu, 
  en 1888, une deuxième médaille dans la classe préparatoire de  
  M. Descombes tandis que son camarade 
  Reynaldo n'obtenait qu'une troisième médaille.  
  
 
1- Valse n° 1
	Comme 
    presque toutes les valses du recueil elle suit la structure tripartite  
    ABA.
  La ligne mélodique chromatique est souple et élégante, l'accompagnement léger, 
    la langue harmonique encore simple contient cependant des recherches expressives.
  
   
    
   
 
  
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  Le motif de la partie centrale est issu du début et superpose, comme dans "Invitation à la valse", les rythmiques binaires et ternaires (une des caractéristiques 
  de l'écriture de R.H.).  
2- Valse n° 2
La 
  simplicité et la rythmique vigoureuse de la deuxième valse font penser au  
  Schubert des  Danses allemandes.
  La section centrale au caractère rythmique accentué (sur pédale de dominante) 
  s'oppose au début caractérisé par une courbe mélodique simple et gracieuse.
  
   
  
  
   
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La 
  troisième valse est une danse rapide (à un temps) dans la nuance PP d'un bout 
  à l'autre. La main gauche, par un léger mouvement de noires staccato, soutient 
  dans la première partie    A   un motif rythmique basé sur des accords 
  répétés, puis dans B un motif mélodique qui module librement. 
  
  
   
   
  
   
 
 
 
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  Dans ces valses la reprise de la première 
  partie    A  n'apporte presque jamais de modification.
  (N.B.: cette valse parut comme supplément au "Ménestrel" du 23 octobre 
  1898)
Reynaldo 
  Hahn reprend, avant  Ravel dont les "Valses nobles et sentimentales" ne datent que de 1911 le terme 
  schubertien de valse noble. Cette valse est dédiée à  
  Joseph Morpain.
  Le thème, entièrement en octaves et sous forme de marches, est soutenu par des 
  basses profondes et de grands accords arpégés.
  
     
   
  
 
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  Au caractère héroïque de A, 
     
  B  oppose une courbe mélodique lyrique jouée par la main gauche dans la nuance 
  P
  
   
   
  
 
5- Valse n°5
La 
  Cinquième valse, Reynaldo l'a composée à l'ombre rêveuse de Chopin. 
  L'atmosphère calme et mélancolique rappelle certains nocturnes du compositeur 
  polonais plutôt que ses valses dont le côté brillant n'apparaît pas ici.  
  La pièce est entièrement construite sur pédale de tonique (la). Les courbes 
  mélodiques sont simples et doivent leur couleur nostalgique à certains emprunts 
  modaux (la mode de Fa).
  
   
   
  
  
  
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6- Valse n°6
M.   Antonin Marmontel est le dédicataire de la sixième valse qui fut publiée comme supplément au  "Ménestrel" du 6 novembre 1898.
  C'est une pièce rapide sans grande originalité. La section centrale rompt la 
  rythmique figée du début par un mouvement syncopé qui, en combinant deux mesures 
  à 3/8 donne l'impression d'une mesure à 3/4: 
  
    
    
   
 
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C'est une sorte de ralenti écrit. Certaines recherches de coloris harmoniques agrémentent cette partie B.
Suzette 
  Lemaire, fille de  
  Madeleine Lemaire, chez qui Reynaldo 
  avait rencontré  Marcel Proust, 
  reçoit la dédicace de la septième valse (elle parut dans le "Ménestrel" du 20 novembre 1898)
  Tout comme la précédente, elle offre peu d'intérêt; c'est une valse lente dans 
  le goût de l'époque.
  L'écriture est très rudimentaire. Peu d'invention mélodique, très peu de modulations...
  Le thème initial s'inspire de la berceuse enfantine "Dodo l'enfant do", 
  d'où le titre de la pièce. 
  
    
    
   
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8- 
        Valse n°8
        
   
   
        
   
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        La huitième valse, par son caractère héroïque, se rapproche de la Valse noble, 
  la quatrième du recueil.
  Elle est dédiée à  Édouard Risler, 
  autre camarade de Reynaldo dans la classe d'Émile 
  Descombes qui deviendra un virtuose de grand 
  renom; il créera plusieurs autres œuvres de son ami.
  La partie centrale de cette pièce, grâce à sa courbe mélodique chromatique et 
  passionnée et à ses modulations expressives, offre un intérêt plus grand que 
  le début plutôt grandiloquent.  
Cette 
  valse lente très sentimentale et languissante en la bémol est dédiée "à M.  
  Antonin Marmontel" ; Reynaldo 
  adore les tonalités dotées d'une riche armure, on retrouvera très souvent dans 
  ses pièces les tons de Fa dièse, Do bémol, Si...
  La partie centrale avec son chant intérieur est dans le ton homonyme majeur 
  (La bémol).
  L'intérêt de cette pièce réside dans l'écriture harmonique qui est très raffinée 
  (neuvièmes, appoggiatures, etc.)
  
  
   
  
  
   
   
 
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10- 
          Valse n°10  
          
   
   
   
  
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          La dernière valse du recueil est la plus développée, elle porte en exergue un 
  vers de  Baudelaire :
" ... Le plaisir vaporeux fuira vers l'horizon... "
Cette intervention d'un élément poétique dans l'œuvre musicale est très caractéristique 
  de Reynaldo Hahn, poète, chanteur et musicien selon la formule employée par  Proust dans sa dédicace de la nouvelle "La Mort de Baldassare Silvande" en 1895. Le Rossignol éperdu 
  marquera un aboutissement de cette poétique musicale.
Cette 
  dernière pièce est beaucoup plus élaborée que les précédentes et annonce certaines 
  valses du "Ruban dénoué" de 1915.
  La forme-lied est considérablement élargie, l'invention mélodique est abondante 
  et variée, l'écriture harmonique riche et expressive.   
En conclusion, ce recueil qui date de la vingt-troisième année du compositeur, apparaît comme un parfait témoignage de la vie musicale des salons de la fin du siècle dernier; ce sont de petites pièces élégantes d'une écriture raffinée et d'une grande séduction mélodique qui sont destinées à être jouées dans l'intimité amicale d'un salon et non dans une salle de concert comme les valses de Saint-Saëns qui datent de la même époque.
partition disponible à la vente chez Leduc : 
 
HE 19139   

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